Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Maelig

26 janvier 2021

L'orientation professionnelle

Vous en pensez quoi, vous ? Comment avez-vous choisi votre métier ? Et en êtes-vous satisfait aujourd'hui ?

Faites-vous partie de l'équipe "droit-médecine-commerce" qui ne jure que par les métiers à débouchés, ou de la team "créatifs" ?

Quand j'avais 17, 18 ans, j'étais une bonne élève littéraire encouragée par son père à rêver de position sociale et de bon salaire. C'est ainsi que, malgré une prédisposition certaine pour la littérature, je me suis dirigée vers la fac de droit. Cela me semblait suffisamment littéraire et avec plus de débouchés. 

Je ne me suis pas fait prier, personne ne m'a forcée. Il n'empêche qu'à 35 ans bien sonnés, je ne pense pas que je referais les mêmes choix si l'occasion de remonter le temps se représentait.

Vous allez me dire que mon cas est particulier : je ne me suis pas épanouie dans le droit à cause de mes spécificités neurologiques. Oui et non. Disons que les leçons que j'en ai tirées, ce sont : 

-élaborer son projet en partant de SOI-MEME. Pas des débouchés potentiels ou du montant du salaire moyen vu sur un site d'information étudiante. Si notre métier nous correspond, alors nous serons bons et nous pourrons prétendre à la reconnaissance sociale et financière (même dans un secteur peu ouvert). Etre adapté à son environnement, c'est la condition sine qua none dont va dépendre le reste. 

Le problème est qu'à 17 ou 18 ans, on se connaît très mal. Personnellement, je n'avais rien expérimenté de la vie et par conséquent, j'étais pleine d'une confiance naïve. Je me croyais capable de tout faire. J'étais aussi influencée par un entourage bienveillant mais pas vraiment au fait de ce que j'étais. Et j'étais à dix mille lieues de comprendre mon fonctionnement réel. 

J'encouragerais toutefois les jeunes de terminale à passer des tests dans les centres d'orientation pour cerner leur personnalité et leurs centres d'intérêt. A demander l'avis de l'entourage : "à ton avis, comment suis-je ?" "qu'est-ce que j'aime faire ?". A prendre une feuille pour noter ce qu'on pense être ses qualités et ses axes d'amélioration, ses rêves et ses passions. 

Ne pas hésiter à être lucide sur soi car la valeur d'un être humain n'a rien à voir avec ce qu'il sait faire ou ne sait pas (encore) faire. Il y a souvent des évidences. Pour ma part, l'écriture en était une déjà à cette époque mais je n'ai pas su la voir à ce moment-là. 

Ceux qui ressentent déjà des dissonnances peuvent consulter un neuropsychologue, mais fort heureusement, c'est très loin d'être une étape obligatoire et bon nombre de jeunes gens n'en auront jamais besoin. 

Il peut être opportun de prendre du temps pour soi, en partant à l'étranger par exemple. Un an dans un pays anglo-saxon, avant ou après le baccalauréat, permet bien souvent d'y voir plus clair. On revient en maîtrisant une nouvelle langue, en ayant rencontré des gens différents, en ayant quitté le monde des lycéens et ça fait un bien fou ! 

On peut aussi prendre un an pour tester un job, faire un stage dans un domaine qui nous tente..... 

Contrairement à ce qu'on croit à cet âge-là, un an dans une vie, ce n'est rien. Aujourd'hui, tout le monde se fiche éperdument de savoir si j'ai eu mon bac en 2003 ou en 2004. 

L'important, c'est de FAIRE. On apprend à se connaître par l'expérience. 

On peut aussi choisir un domaine généraliste pour la licence et se donner du temps pour se spécialiser. On a le droit de se tromper et recommencer ses études de zéro après un an ou deux. Au moins, pas de regrets et on aura toujours appris quelque chose ! 

-rester à l'affut des opportunités. Si on a des ambitions artistiques par exemple, inutile de renoncer à tout sous prétexte que devenir musicien célèbre, c'est irréaliste. L'important est de ne pas mettre tous ses oeufs dans le même panier (ou alors, d'en mesurer précisément les conséquences). Mais si on a l'occasion de jouer à un concert, de passer une audition, alors pourquoi pas ? Ceux qui ont réussi ont tout d'abord commencé par .... ESSAYER. 

Je regarde actuellement sur Internet une série calquée sur la réalité, où les jeunes comédiens ressemblent réellement aux jeunes d'aujourd'hui. J'ai lu un jour une interview d'une des actrices d'où j'en avais tiré que pour décrocher ce qui était son premier rôle, elle avait tout simplement .... POSTULE. Si elle le peut, pourquoi pas toi ?

Et si ça ne marche pas, eh bien, cela reste une expérience. Cela fait du bien, permet de découvrir un autre monde, d'acquérir de nouvelles connaissances et compétences. De se projeter dans l'idée que c'est possible. Et retrouver sa vie d'avant. 

On peut aussi choisir de tout miser sur un projet artistique. Beaucoup diront que c'est fou mais à titre personnel, je trouve que quelqu'un qui a bien pesé sa décision est éminément respectable. Il faut savoir qu'être intermittent du spectacle, c'est prendre le risque de la précarité financière et également d'une certaine instabilité puisque les projets s'enchaînent sans jamais durer (ou ne s'enchaînent pas, d'ailleurs). On ne pourra peut-être jamais acheter d'appartement, ni se sentir accepté dans les dîners de famille. Et on court le risque de devoir enchaîner les jobs alimentaires ou vivre des allocations si on ne décroche pas assez de projets. 

Mais il y a des personnes pour qui c'est ok. Ce peut être quelqu'un qui ressent qu'il ne pourra jamais s'épanouir autrement et qui ne veut pas perdre son temps à jouer le jeu social (pourquoi aller à la fac, pourquoi accepter un job dont je sais par avance qu'il ne me conviendra pas ?). Peut-être à cause d'un cerveau atypique ou parce qu'il a déjà acquis suffisamment d'expérience pour se faire une idée. 

Ce peut être quelqu'un qui aime vivre l'instant présent, qui ne recherche pas la stabilité. Et son projet artistique est suffisant pour qu'il se sente complet. 

Et comme aucune décision n'est irréversible, il peut aussi trouver un emploi plus stable quand il le souhaite..... (pour ça, je pense quand même que faire des études courtes, du style BTS de Communication, ce n'est pas mal avant de se lancer à fond dans l'artistique, et ensuite multiplier ses réseaux pour se donner le maximum de chances de vivre ce qu'on veut). 

Publicité
Publicité
11 novembre 2020

Se connaître et s'accepter...

Je ne viens pas souvent mais voilà, parfois j'ai besoin de papoter. 

Vous devez commencer à le savoir, j'ai découvert à l'âge adulte que je vivais avec des troubles neurologiques. Cette découverte m'a aidée à briser le cercle infernal des multiples erreurs puis échecs professionnels (j'ai vécu des expériences mitigées et j'ai été trois fois renvoyée d'un emploi)

SE CONNAITRE 

Avec un peu de recul, tout cela m'interroge sur l'importance de se connaître. Terme qui recouvre pour chacun d'entre nous des réalités diverses.

Pour moi, apprendre à me connaître a été de déméler les fils de mon cerveau atypique.

Pour d'autres, cela peut être de retrouver ses ascendants : je pense aux personnes qui ont été adoptées, à celles qui découvrent à l'âge adulte que leur père à l'état civil n'était pas leur père biologique.

Mais il y a aussi ceux qui veulent renouer avec une culture d'origine délaissée, comme par exemple des enfants d'immigrés qui n'ont pas été instruits de là où ils venaient. A titre d'exemple, j'ai lu un jour un article sur une fille qui souffrait parce que son père tunisien ne lui avait pas enseigné sa langue. Ou en ce moment, la réalisatrice Maïwenn sort un film que je n'ai d'ailleurs pas vu, ADN, qui parle de ses origines algériennes. 

J'envoie aussi mes pensées aux personnes pour qui apprendre à se connaître, cela a été de découvrir leur orientation sexuelle.

D'autres ont dû faire face à la survenance d'un handicap soudain, à la suite par exemple d'un accident. 

Plus simplement, nous avons tous été confrontés au choix d'une carrière professionnelle, avec plus ou moins de succès. Ou en devenant parents, nous avons appris à découvrir notre propre manière de gérer la parentalité. 

Des situations différentes, mais avec un point commun : nous sommes tous des êtres humains qui nous cherchons. Et qui cherchont à nous accepter nous-mêmes et à nous faire accepter de la société dans laquelle nous vivons. 

S'ACCEPTER ET ETRE ACCEPTER

Pour s'accepter, il faut se connaître. Poser des mots sur une réalité qui nous échappe. Entrer en relation avec des personnes qui se retrouvent dans la même situation : c'est pourquoi nous aimons tant les communautés au point qu'aux USA, certaines personnes à la peau noire ne veulent avoir d'interactions sociales qu'avec leurs pairs (pour consommer, être soigné...).

Et pour s'accepter, il faut aussi être accepté des autres (et inversement, d'où la complexité du problème). Mais pour être accepté, il faut être capable de communiquer sur sa situation, il faut aussi être capable d'adapter sa vie et de choisir son entourage. 

Il n'est parfois pas facile d'être accepté dès lors qu'on s'est découvert différent et qu'on n'entre pas complètement dans un moule. Personne n'est responsable de sa différence mais elle peut parfois causer, à notre corps défendant, des difficultés sociales. Et surtout, elle renvoie à ce que nous ne pouvons pas faire.

Pour ma part, vivre avec des troubles neurologiques me rend sujette aux oublis et aux étourderies ainsi qu'à une compréhension parfois parcellaires de certaines notions techniques. Ce qui n'est pas évident à gérer pour les autres....

Dans un autre registre, j'ai vu il y a deux jours un film sur une jeune femme en fauteuil roulant qui ne parvenait pas à être acceptée par son compagnon qui craignait qu'elle ne puisse bien s'occuper de leur fille lorsqu'elle était seule.

Quant aux difficultés créées par les différences culturelles, l'actualité nous en donne suffisamment d'exemples.... 

 Et il ne faut pas blâmer l'entourage : ce n'est pas facile de vivre au quotidien avec quelqu'un qui ne peut faire les choses que font tous les autres, quelqu'un qui ne peut pas penser de la même manière que pensent tous les autres.

D'autant plus qu'une différence peut conduire à une perte d'estime de soi et donc à des comportements parfois chaotiques. 

SE BATTRE 

Mais une fois qu'on se connaît, qu'on s'est accepté, qu'on a fait le chemin de se faire accepter des autres ou de choisir un entourage capable de nous accepter, alors on peut se battre. Cela ne vient pas du jour au lendemain, et d'ailleurs, c'est quelque chose que j'ai découvert récemment. 

Je ne serai jamais une excellente juriste ni une juriste autonome. Mais je peux faire avec les outils en ma possession : jouer sur mes qualités rédactionnelles, travailler en équipe. J'ai des idées et je sais raisonner mais je ne peux pas monter au delà d'un certain seuil. Ensuite, je m'y perds. C'est ainsi et je dois l'accepter.

Je ne peux pas changer qui je suis, mais je peux m'armer pour mieux résister....

13 juin 2020

Réflexions sur les différences

Plus j'y pense, plus je suis intéressée par la question des différences. Parce que les différences sont multiples mais toujours au coeur de nos vies.

Bon nombre de personnes sont concernées par les différences : 

  1. de couleur de peau, de religion, de culture,
  2. d'orientation sexuelle,
  3. liées à un handicap physique ou mental, visible ou invisible
Les handicaps physiques (perte de la vue ou de l'audition, perte de l'usage d'un membre et notamment des membres inférieurs) sont connus. Mais on oublie souvent que 80% des handicaps sont invisibles :
  • maladies chroniques comme la fybromalgie, ou même le SIDA,
  • séquelles de cancers, d'AVC, de tumeurs, de crises cardiaques,
  • ou encore la surdité quand la personne peut être appareillée mais au final n'a pas complètement la même capacité d'audition qu'un entendant,
  • troubles d'apprentissage -dyslexie, dysgraphie, dyspraxie, dysphasie, TDAH, séquelles d'épilepsie-, 
  • troubles psychiques -bipolarité, schizophrénie, trouble borderline, addictions, dépression, troubles du comportement alimentaire, autisme.....

Soyons francs, toutes les différences engendrent des conséquences, soit matérielles, soit psychologiques (ou les deux). 

Et ces conséquences sont difficiles à vivre et font de la vie des personnes concernées un combat. Parce que s'intégrer dans une société quand on n'entre pas dans une norme, ce n'est pas naturel à l'être humain. Et le regard de la majorité n'est pas forcément bienveillant : eh oui, le racisme existe (et pas seulement dans les relations avec la police mais de manière bien plus générale), l'homophobie aussi, l'incompréhension vis-à-vis des personnes porteuses de handicap. 

Alors, quand on a souffert, la tentation est grande de se replier sur soi. De vivre auprès de sa communauté et de considérer l'AUTRE, celui qui fait partie de cette fameuse majorité dans la société, comme un danger. C'est humain, c'est respectable. On ne peut pas juger ni condamner parce que les personnes concernées savent que c'est une tentation quotidienne.

Certains vont peut-être se demander pourquoi j'évoque dans un même article TOUTES les différences. Alors, oui, chaque communauté et chaque personne ont des besoins spécifiques. Mais le ressenti demeure le même : celui de ne pas être complètement "comme tout le monde", et cette envie de repli.  

D'autres diront aussi : "ne colle pas d'étiquette sur les gens". Mais c'est ignorer que les étiquettes, du moins dans un premier temps, soulagent.

Vous croyez vraiment que les personnes homosexuelles ou celles qui se sentaient appartenir à l'autre sexe étaient heureuses de l'être à l'époque où il n'existait aucune communauté, aucune communication entre elles ? Vous croyez que c'est agréable de se dire "je suis différent et je suis LE SEUL ?" Elles ont pu se sentir fières à partir du moment où une communauté s'est créée.

Et aujourd'hui encore, quid des personnes souffrant d'une maladie chronique ou d'un trouble d'apprentissage non diagnostiqué ?

Vous croyez que c'est cool, de se dire qu'on souffre, qu'on est fatigué, qu'on a mal partout et qu'on ne sait pas pourquoi ? Flash info : on ne se dit pas qu'on est unique et fier de l'être, non. On baisse la tête face à ceux qui nous traitent de fainéant, qui nous disent qu'on s'écoute trop. Quand un diagnostic tombe, il donne une arme pour restaurer son estime de soi. Non, ce n'est pas de notre faute, non, on n'est pas coupable. 

Alors, oui, ce repli, il est humain et compréhensible. On est plus sensible lorsqu'on a été malmené.  Surtout lorsqu'en face, ceux qui ne sont pas concernés multiplient les maladresses ou tout simplement, ne comprennent pas. Mais pourquoi vous avez besoin de vous définir par une étiquette ? Ou plus spécifiquement ; mais pourquoi vous ne pouvez pas faire ce que tout le monde fait ?

Oui, pourquoi un dyslexique ne peut pas apprendre l'orthographe ? Pourquoi un dyspraxique a encore cassé des verres, a du mal à ranger convenablement ou ne peut pas se repérer dans la rue au point d'être en retard à tous ses rendez-vous ? Eh bien, parce que son cerveau n'est pas programmé pour cela. Et qu'il n'y peut rien.

Le troubles psychiques sont d'ailleurs les grands perdants de la lutte pour les différences. Parce que c'est un handicap invisible et parce que cela touche au cerveau. Or, le cerveau est notre identité. Et la société est fondée sur de grands principes :  on doit être performant, on doit être gentil. Hors de cela, point de salut. Les AUTRES, ceux qui ne sont pas concernés, ont tous les droits, y compris celui de taper.  

Mais pour autant, malgré les difficultés, et même s'il est injuste de devoir faire plus d'efforts que la moyenne, je crois qu'il est de la responsabilité de chaque personne qui se sent différente de la majorité de rester connectée aux autres. D'abord en faisant tous les efforts possibles pour être autonome et à son meilleur niveau de performance. Ensuite en communiquant sur sa différence et son ressenti pour espérer être mieux compris.  Et surtout en comprenant qu'on ne peut pas toujours être compris. 

Sinon, on perd la possibilité de bénéficier d'interactions de qualité avec d'autres êtres humains. Et on se perd soi-même.

Si on a la chance de faire partie d'une communauté forte, comme la communauté noire ou la communauté homosexuelle, on en vient à ne vivre qu'au sein de sa communauté. Si on représente un pouvoir politique ou marketing, on peut en venir à faire pression et à intimider les autres. On court le risque de sombrer dans l'extrémisme : politique, religieux....

Si on ne représente personne, (oui, parce qu'on n'a pas encore vu de manifestation de personnes porteuses d'autisme, de troubles d'apprentissage ou de bipolarité, pour l'excellente raison que ça n'intéresse personne), eh bien on meurt. On déprime et on meurt. 

 

Et, de même, il est de la responsabilité de ces fameux AUTRES de faire preuve d'ouverture d'esprit et d'écouter.

Ce n'est pas une formule magique, ce n'est pas simple. Les maladresses, les erreurs vont survenir d'un côté comme de l'autre. Parce qu'être aidante d'une personne porteuse de handicap, ou être parent, professeur ou employeur de personne porteuse de troubles de l'apprentissage, ce n'est pas simple. C'est fatigant, frustrant, et nécessite de gérer ses nerfs. Et quand on est employeur, se rajoute la difficulté de gérer les contraintes de l'activité. 

Malgré toute la bonne volonté du monde, le monde ne peut pas tourner autour d'une personne. Et l'entourage des personnes "différentes" est humain, lui aussi. Il a ses faiblesses, qu'on ne peut que comprendre. 

La seule solution possible, c'est le DIALOGUE. La COMMUNICATION. L'OUVERTURE d'ESPRIT. L'ECOUTE. La personne "différente" doit admettre que l'autre n'a pas le pouvoir de transformer sa vie. Un handicap restera toujours difficile à vivre. Ce qui peut être amélioré, c'est la manière dont il est considéré dans la société. La personne d'origine différente, d'orientation sexuelle différente doit admettre que si la société évolue, il faut toujours communiquer et accepter que les autres puissent parfois être maladroits. L'évolution des mentalités ne pourra être que progressive. 

Et ceux qui sont suffisamment privilégiés pour ne pas être concernés ont le devoir d'écouter, de comprendre, de ne pas nier les difficultés. De s'informer et de s'éduquer pour réagir le mieux possible et pour éviter les maladresses trop nombreuses. Le devoir, pour ceux qui en ont le pouvoir, de rendre les minorités visibles : dans les médias, dans les fictions..

C'est plus facile aujourd'hui. La société actuelle donne la parole à ceux qui ne l'ont pas encore eue. On n'a plus envie de souffrir en silence, on veut être une voix et on veut être entendu. Et fort heureusement, on l'est de plus en plus. 

Vous l'aurez compris, les références à l'actualité sont manifestes, quelques semaines après la mort de Georges Floyd, plaqué au sol pendant huit minutes par un policier pendant son interpellation, et alors que la France manifeste en soutien à la famille d'Adama Traoré, un garçon d'origine malienne d'une vingtaine d'années, décédé durant sa garde-à-vue le 19 juillet 2016. 

Je ne suis pas concernée par le racisme (quoique d'origine martiniquaise), mais je sais que le racisme existe dans toutes les sphères de la société, et qu'on peut y être confronté à chaque instant de notre vie. Les mouvements actuels sont peut-être un peu extrêmes mais ils ont le mérite, peut-être, de faire avancer la société et d'éduquer chacun d'entre nous à davantage de tolérance. 

Néanmoins, il est dommage que cette lutte pour les droits ne se fasse pas de manière plus positive. Ce devrait être un combat universel et pas CONTRE quelqu'un d'autre. 

 

Pour que, dans le présent, on s'enrichisse les uns des autres, et que dans le futur, on n'ait même plus à y penser..... 

24 avril 2019

Souffrir d'un trouble déficitaire de l'attention

Petit message pour parler d’un sujet qui me tient à cœur, car très peu connu du grand public et qui donne toujours lieu, quand on en parle, à des grimaces ou des sourires gênés. Oui, je me sens incomprise des plus bienveillants alors que pourtant le TDAH  concerne 10% de la population mondiale. Et, autour de moi, j’entends parler d’enfants, de jeunes adultes qui semblent souffrir de ce fameux trouble ignoré et qu’on dévalorise…. Il faut en parler et éduquer le public à ce sujet de société comme on l’éduque à bien d’autres : le respect des femmes, la tolérance…..

Alors, je dédie ce post à la fois pour peut-être décomplexer les personnes concernées et pour aider à comprendre celles qui ne le sont pas, ou seulement de loin (tout le monde connaît un étourdi, un impulsif…)

***********

Eh voilà, j’ai appris que je souffrais d’un TDAH. Un nom barbare, vous allez me reprendre poliment, et qui signifie… ? Pardon : trouble déficitaire de l’attention avec hyper activité. Ce même trouble qui touche les petits garçons qui gesticulent dans tous les sens, oui. Mais pas seulement les petits garçons et même, pas seulement les petits tout court. Il y a encore peu, les scientifiques pensaient que les symptômes disparaissaient avec la maturité du cerveau, mais se rendent compte aujourd’hui que ce n’est pas le cas et que bon nombre d’adultes qui en souffrent aujourd’hui n’ont pas été diagnostiqués dans leur enfance. Surtout les filles qui souffrent moins d’hyperactivité et qui donc ne se font pas remarquer (moi !). Car l’hyper activité n’est d’ailleurs pas la caractéristique principale du trouble : c’est le manque d’attention, présent dans toutes les formes du TDAH, qui l’est. En d’autres termes, on peut souffrir d’un trouble déficitaire d’attention et ne pas être hyper actif. De manière plus « scientifique », dirons-nous, le TDAH, c’est un trouble neurologique dû à une défaillance des circuits de transmission de la dopamine au cerveau. Il est d’origine génétique et bien souvent héréditaire. 

Voilà pour l’introduction. J’imagine que maintenant, vous souhaitez connaître les symptômes : manque de concentration, difficultés à se mettre au travail, multiples erreurs d’étourderies (dans le travail et dans la vie courante), manque d’organisation, de capacités de planification, manque d’ordre également. Et bien souvent, troubles des fonctions exécutives, terme encore une fois un peu barbare qui signifie qu’on éprouve des difficultés à trouver la solution d’un problème mais qu’on est doté d’une fâcheuse tendance à « tourner en rond » et examiner à l’infini une même situation (ce qui inclut, à mon sens, à la fois des erreurs de raisonnement logique et également une difficulté d’ordre générale à être orienté-e « solution »). 

Pour les hyperactifs, on rajoute une pincée de sel et de l’agitation, physique et/ou mentale. L’hyperactif ne peut pas rester assis sur une chaîne à se concentrer, ne peut pas non plus s’empêcher d’effectuer des mouvements qu’il ne contrôle pas. Il se montre également très impulsif dans ses relations avec les autres. Pour évoquer ce manque de contrôle, on parle, je crois, de « déficit des fonctions inhibitives ». 

Je vous laisse imaginer les difficultés qu’on peut rencontrer dans la vie courante et dans la vie professionnelle…. Malgré sa bonne volonté et sa motivation, l’étudiant a toutes les peines du monde à se mettre au travail. Son cerveau papillonne (ai-je bien fermé la porte d’entrée ? acheté du lait ?) ou lui renvoie des images sans aucun lien avec le contenu de son cours (ces vacances étaient vraiment super !). Alors, il se force, revient une fois, deux fois, dix fois à son travail, mais voilà, sa dissertation n’avance pas. Jusqu’à ce qu’il passe en hyperfocalisation, après quelques heures. Et là, bing, il va accomplir en une heure ce qu’il n’a pas réussi à faire en trois.

La secrétaire de direction, elle, relit son courrier. Une fois, deux fois, dix fois. Mais cette erreur sur le chiffre d’affaires, là (oui, c’est 150 000 euros et non pas 15 000) lui échappe. Elle a déjà peiné à le rédiger, son malheureux bout de papier, et maintenant, elle fatigue et elle s’en rend compte. Mais son patron la presse, elle n’a pas le temps de le relire à tête reposée. Et elle aussi, elle voudrait vraiment se débarrasser de cette tâche, enfin. Alors, tant pis, elle abandonne. En espérant que tout ira bien… 

Ce chargé marketing s’escrime depuis des heures sur son texte promotionnel. Il sait qu’il manque de clarté, alors il reprend ses phrases, encore et encore. Le résultat est là, c’est manifeste et il en est fier. Mais combien il lui a fallu de sueur pour en arriver là ! Plus que son collègue pourtant plus jeune et tout frais émoulu de l’école… Et il n’a plus le temps, son patron vient de le secouer. Il ne relira pas la dernière partie, bien moins claire que les précédentes. Tant pis…. 

Cet avocat papillonne. Il est débordé, en ce moment. Mais pour autant, il n’y arrive pas. Il était venu à huit heures au bureau, déterminé à se transformer en machine de guerre. Et à dix heures, il n’a pas fait grand-chose. Si on lui demandait, il ne saurait même pas dire pourquoi : il a eu du mal à savoir par où commencer : les conclusions pour l’audience de la semaine prochaine sont-elles plus ou moins urgentes que ce mémoire qui traîne depuis trois mois ? Il s’est décidé pour les conclusions, mais il a été interrompu quatre ou cinq fois par le téléphone, il a eu du mal à s’y remettre. Pris de panique, il s’est demandé s’il n’aurait pas dû commencer par le mémoire, finalement. Et n’a pu s’empêcher de jeter un coup d’œil au dossier. Au final, tout a été commencé et rien d’abouti…. 

Non, il n’aurait vraiment pas dû lui dire ça ! Il l’adore pourtant, c’est son meilleur ami depuis l’école primaire. Mais ils se sont disputés ce soir, et voilà, il a balancé une saloperie… L’autre est parti en courant et demain en cours, ça va être la guerre larvée. Et lui, il s’en veut… 

Vous vous reconnaissez ? Alors peut être vous comprendrez… 

Ceux qui ne se reconnaissent pas auront plusieurs réactions : 

« Mais ça, ça arrive à tout le monde ! » : Evidemment, nous sommes humains ! Mais en règle générale, cela ne nous arrive pas tous les jours. A moins que nous ne traversions une période de fatigue particulière, une passe difficile au niveau privé ou encore ne subissions un dysfonctionnement de l’organisation professionnelle. Le déficitaire attentionnel, lui, le ressent A CHAQUE FOIS qu’il se met à travailler. Et même s’il se sent en forme ou de bonne humeur (lorsqu’il ne l’est pas, les symptômes en sont en revanche accentués)

 « ils n’ont qu’à faire un effort, ils se victimisent, ils ne veulent pas prendre leurs responsabilités mais en fait ce ne sont que des je-m’en-foutistes ! » : Mais ils font des efforts ! Et même énormément d’efforts ! Pour compenser leurs failles, ils sont prêts à s’investir énormément, tout en restant en permanence en équilibre sur un fil. Et cachent, par honte, le temps qu’accomplir une tâche pourtant simple leur a pris. Ils souffrent de leurs échecs, de leur mauvaise réputation. 

Ou encore « Ils ont des problèmes psychologiques qu’ils ne perçoivent pas eux mêmes ! » : sentiment renforcé par l’hypersensibilité et la tendance à la dévalorisation, voire à la dépression, qui touchent ceux qui souffrent de TDAH. Mais ce ne sont là que les conséquences de leur trouble et non pas la cause. Ce n’est pas l’estime de soi qu’il faut traiter, elle viendra naturellement avec l’amélioration des performances. 

Et j’allais oublier le « ils ne s’intéressent pas à leur travail, ils devraient se réorienter ». C’est vrai mais ce n’est pas la seule explication. La personne lambda va être capable de se concentrer sur un travail qui ne lui plaît pas. En revanche, la personne TDAH ne le pourra pas, malgré ses efforts. Et j’insiste sur le « malgré ses efforts ». Ce n’est pas une volonté de sa part, c’est un fait. Son cerveau est en quelque sorte intolérant à l’ennui. Dans un emploi qui lui plaît, les difficultés existeront toujours mais seront moindres et effectivement, la personne souffrant de ce trouble a tout intérêt à bien choisir son orientation professionnelle. Le problème est de trouver ce qui plaît, car le cerveau TDAH peut se lasser facilement. Quelqu’un qui change de travail souvent et qui s’est déjà reconverti trois fois à 50 ans est probablement TDAH !

Nous vivons dans une société marquée par le culte de la productivité et de la performance. On peut facilement admettre qu’on tombe toujours sur le mauvais garçon, ou bien qu’on est en burn-out après quatre ans dans la même société. Mais en revanche, difficile de reconnaître qu’on éprouve des difficultés de concentration supérieures à la moyenne et qu’on ne parvient pas à être performant dans son emploi. Ce n’est pas un discours qui a pénétré l’opinion publique. 

Un des risques pour la personne TDAH, c’est de se réfugier dans le confortable « c’est de la faute des autres ». Car oui, on trouvera toujours bien une faute du chef, du collègue…. C’est là qu’on sombre dans la victimisation voire pour celui qui détient un peu de pouvoir, dans la manipulation. Une fois, deux fois, on se protège, dix fois, on finit par croire à ce qu’on dit. On perd le sens commun et on devient invivable. 

Les autres risques sont psychosociaux : la dépression, l’addiction, car le cerveau TDAH est plus sujet aux addictions que la moyenne (et parfois aux graves : alcool, drogues…)

Dans ces conditions, difficile de s’expliquer sur son trouble sans se sentir incompris. Même les personnes les plus bienveillantes auront du mal à sortir du carcan mental du « travail bien fait à tout prix » relié à l’estime de soi (« Comment ça, tu n’arrives pas à faire ton travail ! » -yeux étonnés, gêne profonde…. Et silence. Que répondre à ce genre de confidences ?). Au mieux, si on s’en sort malgré tout, on nous prendra pour des perfectionnistes à outrance à la sensibilité exacerbée. 

 Et pourtant, ce n’est PAS DE LA FAUTE DE LA PERSONNE QUI SOUFFRE DU TROUBLE ! (les majuscules sont intentionnelles…). Un trouble neurologique, comme on l’a expliqué, c’est la résultante de composantes chimiques à l’intérieur du cerveau, et personne ne peut maîtriser les composantes chimiques à l’intérieur de son cerveau. C’est aussi un trouble héréditaire et personne ne maîtrise son hérédité. D’ailleurs, ceux qui ont la capacité de bien se concentrer ne font pas d’effort supérieur à la moyenne. Ils essaient, ils y arrivent. C’est tout. Ils n’ont pas de grand mérite. 

Et c’est un handicap. Invisible mais réel. Reproche-t-on à quelqu’un ses problèmes d’hypertension ou d’assimilation du fer ? Non. Demande-t-on à un aveugle de voir ? Non plus. Le trouble déficitaire de l’attention est reconnu depuis 2014 par la MDPH, et celui qui en souffre peut se voir reconnaître la qualité de travailleur handicapé. Preuve que certains ont compris. Pour information, la qualité de travailleur handicapé permet surtout de se voir permettre des aménagements de poste ou encore un accès privilégié à la formation et à la reconversion professionnelle. 

« Mais alors, on rompt l’égalité ! Moi aussi, je voudrais bien des aménagements de poste ! » : on ne rompt pas l’égalité, on admet simplement que tout le monde ne commence pas la course du même point de départ, et que ceux qui souffrent d’un trouble partent de plus loin.

Naturellement, reconnaître souffrir d’un trouble neurologique ne veut pas dire arrêter de se battre. Tout d’abord, si vous vous sentez concerné, allez voir un neurologue, un psychiatre, un neuropsychologue, en clair toutes les personnes du corps médical susceptibles d’être à même de vous aider (et ce n’est pas aisé ceux qui s’y connaissent sont peu nombreux, on peut vite se retrouver dans une véritable errance médicale). Faites des tests pour déterminer votre profil et s’il serait judicieux de prendre des médicaments ou d’entamer une thérapie cognitive. 

Ensuite, des moyens de lutte simples existent :

  • Tout d’abord, cesser l’autoflagellation, la culpabilisation. 

En étant TDAH, on commettra davantage d’erreurs et on aura plus de choses à se pardonner à soi-même. Il faut apprendre à se pardonner pour avancer. Se pardonner de la bonne manière, c’est-à-dire continuer de s’aimer et de se reconnaître une valeur malgré les erreurs passées, tout en reconnaissant sa part de responsabilité et son côté faillible et sans reporter la faute sur autrui. Car encore une fois, ce n’est PAS DE VOTRE FAUTE. 

 

  • Ensuite, découvrir ses atouts. 

Car n’en doutez pas, la personne TDAH en a, et même davantage que la moyenne ! J’ai dit tout à l’heure que c’était un handicap, et ça l’est, mais ça n’a pas à être vécu comme tel.C’est plus simplement une particularité neurologique qui permet aussi de penser différemment et souvent avec davantage de créativité. De nombreuses personnalités ont admis vivre avec le TDAH : les comédiens Daniel Radcliffe, Emma Watson, Emilia Clarke, ou encore le champion de natation Michael Phelps… Je parle surtout des anglo-saxons parce que la parole sur le sujet y est beaucoup plus libérée là-bas. Mais en France, les chanteurs Amir ou Louane ont aussi admis en souffrir, à demi-mots. Et comme vous pouvez le constater, tous s’en sortent très bien dans la vie. 

Les personnes avec un TDAH sont souvent plus créatives que la moyenne, dans les arts ou tout simplement dans leur manière d’envisager la vie. Elles sont capables d’avancer, se remettent facilement des échecs et ont des projets multiples. Leur vie est finalement bien plus souvent enrichissante qu’une existence moyenne. 

Créativité signifie aussi, quel que soit leur domaine professionnel, qu’elles seront force de proposition. Vous qui n’avez pas de TDAH, vous allez répondre à un problème par une solution logique et raisonnable. La personne qui souffre de TDAH aura dix solutions, pas forcément empreintes d’une très grande logique mais dont une pourrait se révéler géniale (et peu accessible à un cerveau non TDAH).

Très sensibles et souvent d’une très grande empathie, ce sont des personnes possédant de grandes qualités humaines. Ayant souffert du regard des autres et ayant été contraintes de s’inventer elles mêmes, elles ne sont jamais dans le jugement de valeur mais cherchent à comprendre l’autre. Elles sont aussi humbles, parce qu’elles mettent plus de temps à réussir un projet que quelqu’un qui n’aurait pas de trouble, et parce que le manque de dopamine induit que leur « circuit de récompense » est défaillant. Elles ne ressentent pas réellement de joie en réussissant un projet ou un examen (du moins pas autant que leurs camarades/relations dans la même situation)

Et enfin, elles sont performantes dans leur domaine de prédilection. La personne lambda va pouvoir être raisonnablement performante dans plusieurs domaines. Celle TDAH peut s’avérer extrêmement performante mais dans un seul domaine (ou un ensemble de domaines liés). 

Souvent, ce sont les arts et le sport, mais aussi la direction d’entreprise, ou encore les métiers impliquant de l’adrénaline, comme les sauveteurs, les pompiers… ou du contact humain (les métiers sociaux, l’enseignement…)

  • Trouver le bon domaine professionnel. 

-Choisissez votre orientation ou votre réorientation professionnelle en fonction de VOUS-MEME. Par pitié, n’écoutez pas ceux qui vous disent que le droit fiscal, c’est rémunérateur, que la comptabilité, c’est stable. Vous pourriez le payer cher si ça ne vous intéresse absolument pas. Cernez vos atouts, soit ce qui est une évidence pour vous depuis l’enfance (vous aimez la musique, l’anglais ou écrire), soit trouvez vos points forts relationnels (vous êtes celui à qui vos amis viennent se confier, celui qui joue facilement les médiateurs….) ou logiques (les maths enseignées à l’école, ce n’est pas votre domaine mais en revanche, en calcul mental vous êtes imbattable). 

-Assurez-vous que vos atouts correspondent au cœur du métier que vous visez. Vous pourrez avoir à effectuer des tâches annexes que vous n’aimez pas, mais il vous reste la possibilité de les déléguer. L’essentiel est que vous maîtrisiez votre cœur de métier. 

Bien évidemment, adaptez-vous quelque peu à l’état du marché du travail. On ne vous dit pas de devenir musicien ambulant et de ne pas manger à votre faim tous les jours. Mais restez-vous même et n’acceptez pas trop de concessions. Si vous aimez écrire, vous pouvez tenter le journalisme ou la communication. En revanche, méfiez-vous si vous visez les professions juridiques : en droit, on écrit beaucoup mais peu de gens valoriseront vos qualités d’écriture. Et quant à l’enseignement, il nécessite bien d’autres qualités que celles rédactionnelles. 

  • Lutter encore et encore. 

Admettez aussi que des difficultés de concentration, vous en éprouverez quoi que vous fassiez, parce que vous êtes vous, personne humaine atteinte de TDAH. Trouver le bon domaine professionnel ne modifiera pas radicalement votre existence. Alors, il va falloir vous battre. 

-Usez de stratégies. Apprenez à vous connaître et pas forcément par les techniques répandues. On dit par exemple qu’il faut mieux commencer par la tâche la plus urgente et/ou la plus longue à effectuer. Mais parfois, un cerveau TDAH préférera de petites tâches le matin (rangement, rédaction de mails…) qui lui donneront la sensation d’être productif et l’entraîneront à la « grosse » tâche de l’après-midi. S’il fait l’inverse, il papillonnera, et la «grosse » tâche lui prendra toute la journée. 

-Chronométrez le temps que vous pouvez passer sur une tâche. Si vous avez envie de papillonner, notez votre envie sur un papier et remettez-vous y. 

-Faites des pauses fréquentes, buvez du café. 

-Si vous êtes en hyper focalisation, allez y ! Ne cherchez pas à vous arrêter non plus. 

-Repérez si vous préférez travailler le soir ou le matin, réservez les grosses tâches à vos heures les plus productives. 

-Faites des listes. Des listes de tout. Notez tout ce qu’on vous dit. Enregistrez-le si vous préférez. 

-Mettez des alertes dans votre téléphone si vous avez peur d’oublier quelque chose d’important.

-Ne restez pas seul sur un dossier lorsque vous ne vous en sortez pas. Entourez-vous bien. Parlez de votre dossier et de vos difficultés. 

-Dites quand vous avez besoin qu’on ne vous dérange pas pour ne pas perdre le fil de votre conversation, coupez votre téléphone. Isolez-vous du bruit (par un casque si vous êtes en open space, ou encore par de la musique douce. Certaines favorisent la concentration).

-Déléguez les tâches qui ne vous conviennent pas. Facile si vous êtes indépendant, ou avec une position importante comme salariée. Si ce n’est pas le cas, parlez à votre direction pour demander à être affecté sur les tâches où vous êtes performant. Dans votre vie privée, c’est pareil : par exemple, si vous n’êtes pas à l’aise avec la conduite, ne conduisez pas. Organisez votre vie autrement et dégagez-vous du fichu discours sur « l’indépendance » : vous pouvez faire vos courses en ligne, vivre en centre-ville, habiter près de la gare, aller travailler à Paris…. Les conseilleurs ne sont pas les payeurs et surtout, ils ne savent pas que votre concentration est défaillante par rapport à la moyenne. Il faut mieux être dépendant qu’avoir un accident.

-Faites attention à votre hygiène de vie. Dormez suffisamment, faites du sport (surtout si vous êtes hyper actif), buvez suffisamment, mangez des fruits et des légumes, des protéines, et évitez le sucre. Une alimentation équilibrée en clair et avec le moins de produits préparés possible. `

-Et parfois, il peut être intéressant de prendre des médicaments. Ça fait un peu peur, je comprends, mais certains disent que leur vie a été transformée par la Ritaline ou le Concerta. Ça fait réfléchir…. 

  • Entourez-vous bien.

-Vivez et travaillez avec des personnes de confiance, bienveillantes et qui ne vous jugeront pas. Dans votre vie privée, si vous devez cesser des relations qui s’avèrent toxiques pour votre estime personnelle, prenez votre courage à deux mains et faites le. Dans votre vie professionnelle, vous n’avez pas la même latitude mais vous pouvez apprendre à vivre avec et vous détacher du regard de ceux qui ne sont pas sur la même longueur d’onde que vous, en attendant de pouvoir les quitter. Ne restez pas trop longtemps là où on ne vous apprécie pas. Car il y a des endroits où vous serez apprécié, n’en doutez pas !

-Dites vous que les autres aussi ont leurs failles. Vous voyez les vôtres, vous avez le sentiment que les autres sont la perfection incarnée, mais c’est faux !

************Et haut les cœurs !*********

1 juillet 2018

Les Affamés

Je viens de voir le film de Léa Frédéval, avec Louane Emera en rôle principal. Un film sur la jeunesse diplômée qui ne trouve pas de travail à la hauteur de ses espoirs, et qui s'en sort péniblement en cumulant stages et petits boulots. Mais la jeune Zoé, incarnée par Louane, et qui se rebelle, va trop loin et se perd un peu... 

Un film qui fait réfléchir. Faisons nous vraiment partie de cette jeunesse-là ? Y-a-t-il un moyen d'échapper à la précarité ? Je n'ai pas eu le sentiment d'être trop mal lotie dans la mesure où j'ai toujours trouvé facilement du travail. Mais j'ai accepté de nombreuses concessions : horaires à rallonge, rémunération relativement faible.. et jamais de contrat de travail puisque j'ai exercé comme professionnelle libérale. 

Et en réfléchissant, je suis convaincue que non, il n'y a pas de recette toute faite, de baguette magique qui permettrait d'échapper à l'effrayant fantôme de la précarité dont on nous rebat les oreilles. On peut s'en sortir aujourd'hui, pas demain. Alors personne n'est à même de donner des leçons. 

Ce dont je suis convaincue, c'est de l'importance des études. Peu importe lesquelles. Qu'elles soient très concrètes (hôtellerie, coiffure, esthétique, menuiserie...) ou très abstraites (littérature, philosophie, langues vivantes...) en passant par celles qu'on dit "utiles" (droit, médecine, commerce ou écoles d'ingénieurs). On acquiert des savoirs-faire, des savoirs-être, de la structure d'esprit. En d'autres termes, on devient employable et pas uniquement dans son domaine. Ainsi, celui qui a étudié le droit pourra toujours se réorienter vers un poste à dominante administrative, ou vers l'enseignement, par exemple.

Avec les études concrètes, on minimise les risques de galère car on est très vite employable au vu des compétences précises qu'on a acquises durant notre formation. Avec les études abstraites, on est cultivé et on a acquis une structure d'esprit qui nous permettra d'être à l'aise sur bon nombre de postes, mais il faut bien avouer qu'il nous faudra un peu d'imagination et d'ingéniosité avant de trouver le métier de nos rêves. Et avec les études utiles, tout semble parfait puisqu'on peut espérer de "bons métiers" avec responsabilités et salaires valorisants à la clé. Le risque, c'est de trop espérer justement : un diplômé de droit, s'il devient avocat par exemple, devra consentir beaucoup de sacrifices sans pouvoir prétendre à grand-chose en termes de rétrocession, il faut le savoir. Sans compter les trop nombreux burn out à trente ans....

Pour trouver sa voie, le tout c'est de partir de soi et pas des attentes de la société. Se demander ce qu'on aime faire, et ce à quoi on est bon (à l'adolescence, ce peut être une matière scolaire, un sport, un art...) puis lister nos qualités et nos défauts ("je noue facilement le contact avec les autres", "je suis ordonné" / "je ne suis pas très attaché aux détails"). 

Normalement, des exemples de métiers devraient se détacher. Et ensuite seulement, on peut les confronter au marché du travail et accepter des concessions qui nous rendent plus employables, comme ajouter une année de marketing à des études de lettres ou encore partir à l'étranger pour maîtriser une langue vivante.

L'objectif, c'est de trouver la voie qui nous sera la plus naturelle, celle où on va pouvoir évoluer au fur et à mesure de notre pratique sans trop avoir à souffrir. C'est ce qu'on appelle le potentiel. En misant sur nos points forts naturels, on créé un cercle vertueux : parce qu'on va maîtriser ce qu'on fait, on finira par aimer notre travail. Et tout est réuni pour convaincre un potentiel employeur ou bien de futurs clients.... 

Notre génération a intégré, je pense, l'idée qu'elle exercera plusieurs métiers dans sa vie. C'est pourquoi trouver notre voie, ce n'est pas forcément un "métier", ce peut être aussi un "verbe" qui peut correspondre à plusieurs métiers. Avec "transmettre", par exemple, on peut être journaliste, enseignant. Avec "convaincre", commercial ou avocat. 

Ce n'est pas évident de déterminer ce qu'on veut faire de sa vie à 17 ou 18 ans. On ne sait pas qui on est, ce dont on est capable aujourd'hui et ce dont on sera capable demain. Et les parents ne nous aident pas en nous renvoyant des images fantasmées du monde du travail, et nous encourageant bien trop souvent à emprunter des voies trop conventionnelles qui ne nous correspondent pas toujours (et cela sans que nous nous en rendions compte).

Alors, pourquoi ne pas prendre un an après le bac, ou après la licence, pour partir à l'étranger, faire un stage, des petits boulots ? Plus on multiplie les expériences, plus on apprend à se connaître. Et ne pas hésiter, durant ses études, à faire régulièrement le point. 

Après, pas de recette miracle. Pour dénicher un job, il faut accepter de jouer le jeu des CV, des lettres de motivation et des entretiens. Avec le risque, effectivement, de se heurter à un mur et à une certaine forme d'injustice sociale. Zoé-Louane a raison d'être en colère et de choisir la voie du collectif (l'engagement politique) pour s'en sortir. 

On peut aussi miser sur l'individuel ; et contourner les obstacles quand on ne peut pas les surmonter. Créer sa boîte, même jeune. Se réorienter vers un secteur qu'on jugera plus porteur. Et accepter les concessions. 

Je ne suis pas en train de dire qu'il faut tout accepter, attention. Dans ce domaine, les extrêmes sont dangereux. Si un jeune qui débarque de la fac croit que le monde va l'attendre parce qu'il a un bac +5, il va s'en mordre les doigts. On peut gagner beaucoup par quelques concessions. Le tout est de les choisir. 

Je conseillerais malgré tout de viser la Lune, autrement dit le job le plus formateur possible. Car c'est dans les premières années de vie professionnelle qu'on va apprendre le plus et accepter le plus de faire des efforts. Ensuite, on sera blasés, très fatigués. Et on aura envie d'entrer dans une routine rassurante qui va nous permettre de nous marier, d'acheter un appartement ou de faire un enfant. Plus de se défoncer pour acquérir les connaissances qu'on n'aura pas acquises auparavant faute du job adapté. 

Si on a été sous-employé pendant 4, 5 ans, on va vraisemblablement devoir accepter de ne jamais atteindre le niveau optimal que nos études nous ont promises. Tout dépend ensuite de l'attachement qu'on éprouvait pour son domaine professionnel. 

Ensuite, s'écouter, suivre ses envies tout en restant réaliste. Si on doit accepter un job alimentaire, on accepte parce qu'on en tirera toujours un enseignement (l'expérience de la relation client, par exemple) et qu'au moins, on peut payer son loyer. Mais pas plus de six mois pour éviter de s'enliser. Si on sent qu'on est épuisé et qu'on doit absolument s'arrêter de travailler pour réfléchir, il faut le faire.

Et gérer ses dépenses pour s'en tirer en attendant...

Surtout, continuer de croire en sa bonne étoile. On peut piocher la bonne carte et s'épanouir. Et surtout, ce qu'on fait de notre vie professionnelle ne conditionne pas notre valeur humaine. On est tout aussi important et précieux qu'on soit DRH ou femme de ménage, qu'on soit en activité ou en recherche d'emploi... Il faut arrêter avec cette pression sociale qui nous impose d'avoir un CDI pour commencer à vivre, ou ces vieilles croyances qui nous laissent entendre que le travail est l'unique raison de vivre. C'est faux !

Je suis persuadée qu'il faut avoir le goût de l'effort et faire ce qu'il faut pour trouver un emploi et le garder, mais qu'il ne faut pas fantasmer le travail. On n'a pas à y être malheureux, on peut changer ce qui doit être changé dans une certaine mesure. Il ne faut pas avoir peur de se planter parce qu'on rebondira toujours, et qu'on apprendra. 

Publicité
Publicité
24 février 2017

Appel à soutien

Hello les amis ! Je viens bien moins souvent mais je n'oublie pas ce blog et vous qui le lisez ! La vie est tranquille, Bébé va bien, elle va sur ses sept mois bientôt (et elle vient de se réveiller, là... :) Je m'immatricule prochainement comme écrivain public et ai déjà préparé mes opérations de communication....

A ce sujet, en voici une : mon inscription sur la plateforme KissKissBank, qui soutient les projets créatifs et entrepreneuriaux. Je viens d'y inscrire mon propre projet. 

Je vous donne ci-joint le lien, et vous invite à découvrir mon projet d'installation d'écrivain public, pour lequel je sollicite (un peu) votre soutien. 

Merci par avance 

https://www.kisskissbankbank.com/ecrivain-public--2?ref=recent

 

 

Ecrivain public

Aidez - moi à faire en sorte qu'UNE PLUME POUR VOUS existe !!!

https://www.kisskissbankbank.com

 

9 décembre 2016

Nouveauté, nouveauté....

Après mûre réflexion, j'ai décidé de me lancer dans l'activité d'ECRIVAIN PUBLIC. Vous pouvez retrouver le détail des prestations proposées à l'adresse suivante : www.votre-ecrivain-public-dreux.com, ainsi que sur FACEBOOK, www.facebook.com/uneplumepourvous. 

Ma décision vient du fait que, pour une fois dans ma vie, j'ai envie d'écouter "mon coeur" (ça fait un peu cliché, mais c'est la réalité). Si je réfléchis à ce que j'aime vraiment et ce que je sais faire, on en revient toujours à l'écriture. Alors, si on prend aussi en compte les contraintes matérielles (venant d'avoir un enfant, je souhaite travailler soit à domicile, soit proche de chez moi, après avoir passé des années dans les transports en commun -4 heures par jour en moyenne-), c'est la profession qu'il me faut !

Je suis actuellement en formation auprès de l'AEPF (Association des Ecrivains Publics de France), en vue d'obtenir leur agrément pour la session du 28 janvier 2017, et suis également une formation complémentaire en rédaction web à distance auprès de l'organisme COMPTOIR DES REDACTEURS. 

Je suis également en train d'effectuer des démarches en vue de suivre les modules de formation du Projet Voltaire et du CNED. 

En 2017, je rendrai davantage visible mon activité. 

Si vous écrivez et que vous avez besoin d'un regard extérieur pour corriger le manuscrit que vous envisagez de proposer à des maisons d'édition (orthographe/syntaxe), ou pour corriger votre mémoire de fin d'études ou votre thèse, n'hésitez pas, que vous soyez ou non proche de Dreux car de nombreuses prestations peuvent s'effectuer à distance.

Idem si vous voulez écrire un discours, corriger ou faire écrire un CV ou une lettre de motivation, monter un dossier administratif ou bien d'autres prestations encore.....

27 septembre 2016

Enceinte, quelle indemnisation ?

Si vous êtes avocate et que vous êtes enceinte ou envisagez de l'être, vous souhaitez peut-être connaître, par le biais d'un seul et unique article, les démarches à effectuer et les indemnisations et exonérations de cotisations auxquelles vous pouvez prétendre. Je dis cela, parce que moi, lorsque j'ai été dans ce cas-là, c'est ce que  j'aurais souhaité. Mais sur Internet, la littérature sur le sujet est maigre, et les coups de fils ou mails aux organismes divers n'occasionnent souvent que des réponses partielles et parfois nébuleuses, qui vous donnent l'impression que c'est vous qui ne savez pas poser une question claire. J'exagère ? A peine.... 

Alors, il y a les filles qui sauront parce que leurs relations sont déjà passées par là, ou bien celles qui sont liées au Barreau et n'auront aucune peine à poser les bonnes questions.  Ou celles qui sauront chercher par elles-mêmes... Après tout, c'est notre métier, n'est-ce pas ? Et puis, il y a les autres, dont je fais partie. Je n'ai aucune amie avocate qui puisse me renseigner sur le sujet et mes relations professionnelles ne sont pas si étoffées (et majoritairement masculines, de surcroît). 

La bonne nouvelle, c'est qu'on s'en sort ! On apprend les choses au compte-gouttes, presque par hasard. Parce que votre patronne vous a dit qu'à son époque (ses gosses ont 15 ans), il lui semblait bien qu'elle avait reçu un peu d'argent de tel ou tel organisme, mais qu'elle n'en était plus certaine. L'organisme en question vous renvoie vers un autre dont vous n'avez jamais entendu parler et vous laissez passer quelques temps avant de l'appeler. Mais on vous informe au passage que vous aurez droit à une exonération de cotisations. Et puis, quand vous vous décidez finalement à appeler, vous vous dites que c'était une bonne idée...

Et oups, vous réalisez  qu'il en a fallu d'un fil pour que vous passiez à côté d'une source de revenus. Je ne suis pas radine, mais quand même, après des années à payer le RSI ou la RAM, perdre de l'argent qui vous est dû, ce serait un comble ! 

Alors, je me dis que maintenant que je suis passée par là, et que je m'en suis sortie sans trop y perdre de plumes (ou d'euros, si vous préférez), je pourrais l'écrire. Si cela ne sert qu'à une personne, ce ne sera déjà pas si mal. 

La déclaration de grossesse

A votre premier rendez-vous chez le médecin, il confirmera votre grossesse et vous délivrera une déclaration de grossesse, composée d'un feuillet rose et d'un feuillet bleu. Dans la foulée, vous lirez sur les formulaires des instructions que pour ma part, j'ai trouvé un brin ésotériques. Il était difficile de discerner quel feuillet envoyer à qui, et le médecin, il n'en sait rien.  Mais l'idée, c'est d'envoyer :

- le feuillet rose, qui est le principal, à la CAF de votre département, dont l'adresse se trouve sur Internet (pour moi, qui vis en Eure-et-Loir, c'est à Bourges). Et oui, même si vous n'avez jamais reçu la moindre allocation jusqu'à présent, ni la moindre allocation de votre vie, d'ailleurs. 

- le feuillet bleu, à votre organisme d'assurance maladie. Pour moi, c'est la RAM, pour d'autres, cela peut être le RSI. Oui, parce que ce n'est pas la même structure, comme je le croyais auparavant, naïve que je suis.

 Il vous faudra, en le remplissant, choisir qui sera l'interlocuteur des organismes sociaux : le futur papa ou la future maman.  

Et surtout, vous devez envoyer cette déclaration dans les 14 semaines à compter de la date qui sera estimée comme étant celle de votre début de grossesse. Ne tardez donc pas à prendre rendez-vous chez le médecin, car le temps passe vite. 

Les relations avec la CAF

Comme vous pourrez le constater, cette dame imposante est néanmoins absolument délicieuse. Je plaisante. Elle est en réalité parfaitement neutre mais potentiellement très utile. Et je n'ai rencontré aucune difficulté avec elle depuis que nous avons entamé de plaisantes relations.

A réception dudit feuillet rose, elle vous délivrera gentiment un accusé de réception comprenant un numéro d'allocataire et, le cas échéant, des demandes d'information complémentaires sur votre situation. Vous pourrez suivre l'avancée de vos démarches sur un compte personnel CAF, auquel vous pourrez accéder grâce à votre numéro d'allocataire et un mot de passe. La CAF, encore une fois, vous en adressera un provisoire, que vous pourrez ensuite modifier selon votre goût. Ce site est plutôt bien fait : on y retrouve l'ensemble des courriers qui vous ont été adressés (pour les distraits et les désordonnés dans mon genre), ainsi que les dates auxquelles la CAF a traité vos propres envois. Vous y trouverez aussi le quotient familial que l'organisme aura calculé.

 Cet envoi vaut comme demande de versement de la prime de naissance et de l'allocation de base (de 90 à 130 € par mois, selon vos revenus, jusqu'aux trois ans de l'enfant). A titre indicatif, avec un quotient familial d'environ 12 000 €, calculés en 2016 d'après mes revenus 2014, j'ai été informée que j'aurai le droit à la prime de naissance et donc, il me semble, à l'allocation de base.

Cette information est délivrée après la naissance, par courrier, et la prime est versée aux deux mois de l'enfant. (je ne l'ai pas encore reçue, par contre, aussi je ne peux vous en dire avec précision le montant mais il semble qu'elle soit d'environ 900 €).

Les relations avec la RAM

On vous adressera divers documents en tout genre ( un super carnet indiquant qu'il faut bien se nourrir, arrêter de boire et de fumer lorsqu'on est enceinte).

 Vous recevrez aussi un bilan dentaire gratuit à effectuer, à partir du 5ème mois de grossesse et jusqu'à 12 jours après l'accouchement. (Ne faîtes pas comme moi, qui l'ai oublié).

Mais surtout, vous recevrez un charmant petit carnet comprenant des formulaires à faire remplir lors de vos différentes visites médicales : pour bénéficier du congé pathologique / puis du congé maternité / puis des prolongations / puis des deux allocations forfaitaires de repos maternel, sans compter évidemment les formulaires particuliers pour les cas de naissance multiples, d'adoption, ou encore d'hospitalisation du bébé. 

A faire : Lors des derniers rendez-vous, il convient de faire remplir au médecin ou à la sage femme les feuillets puis de les adresser à la RAM. L'adresse ? Oui, plusieurs adresses sont indiquées sur les courriers qu'on vous adresse : au Mans, à Bourges. Pour ma part, j'adressais tout à Bourges, mais je pense que n'importe laquelle fait l'affaire puisqu'une fois, je me suis "trompée" et ai adressé mon feuillet au Mans sans que cela ne pose la moindre difficulté. 

Les versements sont effectués un peu plus de 15 jours après réception du feuillet, par chèque à votre ordre. 

Ah, les dates : Celles que vous devez inscrire sont calculées samedi et dimanches compris. La RAM est stricte sur les dates et vous renvoie les feuillets si celles que vous avez indiquées ne conviennent pas. Et attention, c'est le médecin qui doit les corriger et non pas vous-même. Ainsi, le temps passe vite. A titre indicatif : 

- mon congé pathologique a débuté le 1er juin, 
- mon congé maternité le 27 juin, 
- il s'est terminé le 9 août. 
- les prolongations couraient du 10 au 24 août, puis du 25 août au 7 septembre. 

A savoir : Les sommes sont forfaitaires, on ne vous déduira rien en fonction de la date de votre accouchement. Pour ma part, j'ai accouché le 2 août, soit avant la fin du congé maternité, et les sages-femmes à l'hôpital s'étaient aimablement inquiétées de savoir si la RAM ne considérerait pas que mon congé maternité se terminerait en conséquence non pas le 9 août, mais le 2, et faire courir les prolongations à compter de cette date. Cela n'a toutefois pas été le cas. 

Les paiements de la RAM

 J'en ai été surprise, et bien sûr tout dépend de ce que l'on gagne en travaillant, mais je ne les ai pas trouvés aussi dérisoires que je ne l'aurais pensé. 

Indemnisation du congé pathologique, qui est de 30 jours et peut se prendre avant ou après l'accouchement : 1385 €. 

Indemnisation du congé maternité, qui est de 44 jours, dont 14 obligatoirement avant l'accouchement : 2327 €. 

Indemnisation complémentaire en cas de prolongation  : 793, 50 € par quinzaine, étant précisé que seules deux prolongations de 15 jours sont possibles. 

Allocation forfaitaire de repos maternel, qui vous est versée que vous cessiez ou non votre activité : 
-1601 € avant l'accouchement, au moment où vous vous arrêtez, 
- 1609 € après l'accouchement.

A savoir : Ces sommes sont valables pour toutes les chefs d'entreprise, et pas uniquement les avocates. 

Pour les collaboratrices : Pour ma part, je n'étais pas collaboratrice au moment de ma grossesse, j'ai donc conservé les indemnités. Toutefois, si vous l'êtes, votre rétrocession doit vous être versée durant le temps de votre congé maternité théoriquement de 16 semaines, et quant à vous, vous devez reverser les indemnités de la RAM à votre cabinet. 

Les paiements complémentaires des barreaux 

Si vous êtes au Barreau de PARIS, vous pouvez bénéficier du dispositif "Chance Maternité".

Aussi, vous devez vous mettre en relation avec l'organisme AON HEWITT, dont l'adresse de résidence est à ANGOULEME. Vous avez le temps : dans les 6 mois de votre accouchement (et non plus dans les 45 jours du début de votre grossesse, comme il est indiqué sur le site Internet). Téléphonez pour qu'on vous transmette une fiche, que vous remplirez, en ajoutant copie de votre déclaration de grossesse ainsi qu'une attestation sur l'honneur attestant de votre cessation d'activité et des dates de celle-ci. (il faut donc conserver une copie de la déclaration de grossesse, cela va sans dire)

N'oubliez pas d'indiquer des dates, cet AON les adore ! Par contre, depuis le début de l'année 2016, il n'a aucune relation avec la RAM ou le RSI, aussi vous n'avez pas besoin d'ajouter copie des feuillets que vous adressez à la RAM pour vos indemnisations. 

Les versements : ils sont plafonnés à 3150 € par mois, et ils sont calculés en fonction de votre situation, aussi varient-ils selon les personnes. Toutefois, vous pouvez vous attendre à des indemnités forfaitaires de 1464 € et de 1768 € puis à une indemnisation de 38 € par jour pendant 112 jours maximum. 

Ils sont effectués par virement en fin de mois à partir du moment où le dossier est complet. 

Les collaboratrices : Elles doivent reverser leurs indemnités à leur cabinet. 

Les déclarations de naissance

Une fois que vous aurez accouché, vous devrez ne pas tarder à déclarer votre enfant à tous les organismes.

C'est simple : il suffit d'envoyer un extrait d'acte de naissance à tous vos nouveaux amis : la CAF, pour prétendre à la prime de naissance, la CNBF, pour bénéficier de l'exonération de cotisation, AON HEWITT, pour recevoir ses prestations, la RAM (pour que votre enfant puisse y être rattaché), l'URSSAF (on ne sait jamais, si on vous informait d'une exonération de cotisations supplémentaires - enfin, j'ai tenté le coup mais ça n'a rien donné)

Les arrêts maladie postérieurs 

Si vous ne pouvez pas reprendre votre activité à l'issue des arrêts maladie indemnisés par la RAM, vous pouvez envisager de vous mettre en arrêt maladie "simple", hors "maternité". 

En effet, la RAM étant un peu chiche sur les durées d'indemnisations, vous pouvez très bien ne pas avoir récupéré un mois après votre accouchement, ou encore vous pouvez tout simplement estimer que votre enfant est trop jeune pour que vous puissiez retravailler. 

Toutefois, vous devez savoir que la RAM n'indemnise pas les arrêts maladie des professions libérales. Vous le saviez peut-être, moi je l'ignorais. J'étais persuadée qu'il existait une carence de 30 jours avant que l'indemnisation ne débute, mais je ne savais pas qu'elle était tout simplement inexistante ! 

En réalité, il semble qu'elle se décharge sur les organismes spécialisés, selon les professions. Ainsi, pour notre chère profession, c'est encore une fois AON HEWITT qui prend le relais, avec certes un délai de carence de 30 jours en cas de maladie (9 en cas d'accident). Vous devez prévenir le bâtonnier lorsque vous vous trouvez en arrêt de travail susceptible d'indemnisation avant d'envoyer les feuillets CERFA d'arrêt de travail à l'organisme. Et vous avez 6 mois à compter du début de l'arrêt de travail pour les envoyer. 

D'après Internet, l'indemnisation serait de 76,24 € par jour, mais j'ignore si elle me sera réellement versée et quel en sera le montant. En effet, j'ai choisi cette voie car j'ai accouché à la fin du congé maternité, et l'accouchement ayant été un peu traumatisant, je reste fragile et ne pourrai pas retravailler pour le moment. Mais si la RAM vient de m'informer qu'elle n'indemnisait pas, je n'ai pas encore adressé mes feuillets à AON. Mais je ne manquerai pas de vous tenir informés, et en attendant, vous êtes avisées que cette possibilité existe....

Et si vous n'êtes pas inscrite au Barreau de PARIS ?

Votre situation sera malheureusement moins avantageuse.

Le Barreau de Versailles a souscrit, par exemple, au régime LPA, qui vous assure une indemnisation forfaitaire de 1451 € uniquement, pendant toute la durée de votre congé, ainsi que 61 € par jour en cas d'arrêt de travail (comprenant donc l'arrêt pathologique lié à la grossesse ainsi que les arrêts maladie postérieurs). Je pense que de nombreux Barreaux ont environ ce niveau d'indemnisation.  

Les exonérations de cotisation 

La CNBF vous assure une exonération de 25 %, portant sur le trimestre de l'accouchement. Les autres organismes, RAM et URSSAF, ne proposent en revanche aucun avantage lié à la grossesse. 

A ne pas oublier... La mutuelle 

Quelque chose que moi, je n'ai pas fait. Que vous soyez avocate ou non, pendant votre grossesse, ne pas oublier d'aller faire un tour à la mutuelle. En effet, votre contrat peut avoir besoin d'être dépoussiéré et de nombreuses mutuelles proposent dorénavant des primes en cas de naissance. 

Pour ma part, je n'ai pensé à m'y rendre qu'après la naissance de mon bébé, pour l'inscrire. C'est là que j'ai découvert que, puisque j'avais un vieux contrat que je n'avais pas renégocié depuis des lustres, j'étais passée à côté de quelques 200 € de prime de naissance... 

Pour déclarer votre enfant à la Sécurité Sociale 

Oui, ça peut servir, on se pose tous la question à un moment ou un autre. Comment ça se passe ? Moi, j'ai interrogé toutes mes copines qui avaient déjà eu des enfants, même si elles n'étaient pas avocates. En réalité, ce n'est pas si compliqué.

Un formulaire CERFA est disponible sur le site de la RAM. Il se nomme "formulaire de demande de rattachement". Vous devrez choisir de rattacher l'enfant soit au régime du père, soit au régime de la mère, soit des deux. Toutefois, une pharmacienne m'a indiqué que lorsque les familles rattachaient l'enfant aux deux régimes, les remboursements étaient plus longs et nécessitaient parfois des pièces complémentaires. Lassés, les parents renonçaient à l'indemnisation, souvent modeste. Aussi, il est parfois préférable de ne le rattacher qu'à un seul régime. 

L'enfant disposera d'un numéro de Sécurité Sociale, mais ce numéro sera "dormant" et ne sera activé qu'à ses 16 ans, lorsqu'elle en aura besoin. 

Il faut un mois environ pour que la demande soit traitée et que l'enfant se retrouve sur votre carte Vitale. 

Si vous ne remplissez pas le formulaire, vous pouvez aussi renvoyer les feuilles de soin du médecin ou du pharmacien, pour les premières demandes de remboursement, car l'enfant est rattaché au parent qui demande le premier les remboursements. 

A savoir pour vous-même 

-Vous êtes à 100% à partir du 6ème mois de grossesse et jusqu'à un mois après l'accouchement. 

-Les rendez-vous de suivi de grossesse sont tous gratuits, ainsi que les examens (échographies, monitoring et autres), de même que les cours de préparation à l'accouchement, pris en charge à 100% (16 € par personne sont versées par la Sécurité Sociale à l'intervenante). 

-A votre retour de la maternité, vous pouvez bénéficier de la visite d'une sage-femme, qui examine votre enfant,  voit avec vous les pratiques à adopter, parle de l'allaitement le cas échéant, vous oriente. Cette visite est prise en charge à 100 % (50 € sont versées à l'intervenante). 

-Les cours de rééducation du périnée sont également pris en charge à 100% par la Sécurité Sociale (avocate ou pas)

-Lorsque vous ne serez plus prise en charge à 100 %, la RAM effectue des remboursements par chèque. A titre indicatif, je suis remboursée 15, 10 € pour 23 € de consultation et ma fille est remboursée 19, 60 € sur 28 €. (mais les tarifs peuvent varier, apparemment). 

Rien à voir, mais...

-N'oubliez pas que le bébé doit être vu à une semaine de vie, et le cas échéant à un mois, qu'il faut le peser toutes les semaines le premier mois et tous les mois ensuite, un peu plus souvent pour les bébés nourris au sein. Les PMI peuvent vous rendre ce service : le service y est entièrement gratuit et certaines effectuent même les vaccins. 

-Les premiers vaccins sont à 2 mois, puis à 4 et à 6 mois. 

-Quant à vous, vous devez subir une visite post-natale auprès d'un gynécologue six à huit semaines après l'accouchement. 

-Il est recommandé que l'entourage proche du bébé soit vacciné contre la coqueluche. En effet, le bébé ne pourra lui-même être vacciné qu'à partir de ses 2 mois et la protection ne sera effective qu'après les derniers vaccins, à 11 mois. Entre temps, la transmission de la maladie peut survenir, souvent parce que l'entourage proche en sera atteint et n'aura pas été vacciné. Apparemment, ces cas seraient en recrudescence parce que les vaccinations auraient été plus rares. Pour la coqueluche, il existe un rappel à 25 ans, celui que peut-être vous n'aurez pas fait. Vous ne pouvez pas être vaccinée enceinte, mais vous pouvez l'être après l'accouchement. 

18 juillet 2016

Au nom de tous les miens

Je viens de relire en une journée l'ouvrage autobiographique de Martin Gray que je n'avais pas lu depuis mon année de troisième.

Et le moins qu'on puisse dire, c'est que ça fait réfléchir sur le sens qu'on veut donner à sa propre vie.

Cet homme intelligent et malin a survécu à tout. Il avait compris dès le début qu'il n'avait rien à attendre des Allemands, aucune pitié, aucune possibilité d'établir un partenariat, même mal agencé, et de vivre en paix. Parce qu'il a su imaginer le pire, il a pu l'anticiper. Bien d'autres n'ont pas voulu, pas pu, et qui pourrait leur reprocher ? C'était peut-être propre à sa jeunesse ; ce sont les jeunes qui finalement avaient le plus de chances de survie dans ces périodes hyper troublées. Ceux qui pouvaient apprendre, lutter et se remettre en question. Peut-être aussi doit-il en quelque sorte sa survie à son père, qui lui avait compris.
Il avait un état d'esprit qui doit au quotidien plus qu'épuisant à conserver : toujours lutter, toujours rester sur ses gardes et saisir la première occasion pour s'enfuir. Il s'est évadé un nombre incalculable de fois, de la plateforme du ghetto qui menait aux camps de concentration, des camps de Treblinka et de Zobram. Il était  différent de ceux qui se battaient pour des motifs patriotiques et bien souvent, ont choisi de sacrifier leur vie. Lui, il voulait vivre et pour cela rien ne lui semblait impossible. Ni sortir du ghetto de Varsovie, ni s'évader de Treblinka.  La question politique n'est d'ailleurs que très peu évoquée dans son ouvrage, à une époque pourtant plus que politisée. En revanche, Martin Gray, avec une vraie modernité, parle d'humanité. Des enfants orphelins qu'ils tentent d'aider, dans le ghetto, de sa vengeance au sein de l'Armée Rouge à laquelle il est parfois tenté de se laisser trop aller, de la question d'être un bourreau ou une victime. Et surtout des siens. 

La politique, c'était peut-être plus pour les résistants qui auraient pu se contenter de ne rien faire et qui s'engageaient volontairement dans l'action. Martin Gray, lui, était juif, polonais, il appartenait à ce pays qui a été littéraleemnt ravagé par la guerre, plus que les pays occidentaux encore. Peut-être qu'en Pologne on voulait seulement survivre.

A l'issue de la guerre, il était devenu un homme pressé, en quête de construction économique et personnelle, angoissé et protecteur, mais qui craignait de s'attacher s'il n'était pas en mesure de "construire une forteresse" pour les siens. Aux USA, il a tout bâti, il n'a pas hésité à se dresser en dehors des lois parfois. Il ne risquait plus sa vie mais il continuait d'avoir peur.

Non, il ne devait pas être facile à vivre, ça c'est sûr. Le livre ne dit pas forcément tout et à sa sortie, il a été controversé. Ce qu'il a pu faire pour survivre au sein du ghetto, les dénonciations ou les meurtres qu'il a pu commettre... (une amie, russe, prétend que dans les années 90 à St Pétersbourg, on n'aimait pas les personnes âgées, parce que si elles avaient survécu à la guerre, c'est qu'elles ne devaient pas être nettes), les circonstances de sa vengeance  au sein de l'Armée Rouge, les affaires peut-être douteuses qu'il a pu monter aux Etats-Unis dans les années 50.... Son ami, Tolek, au parcours sensiblement similaire au sien, se rebelle contre lui, preuve qu'il ne devait pas être alors le partenaire idéal.

Mais ce qui frappe, c'est qu'il ne semble pas avoir perdu son humanité ni sa capacité d'aimer. Il apprend à aimer Dina, puis leurs enfants. Il ne se montre pas brutal mais il conserve la capacité d'être heureux, ce que d'autres jeunes blessés par la vie et en quête farouche de construction personnelle également n'ont parfois pas su faire.

Je pense, vous savez, à ce style de personnalité qu'avait un Claude François par exemple, du moins dans le film qui a été réalisé sur sa vie en 2012. Lui aussi avait souffert, perdu sa vie dans le tourbillon politique en Egypte et tout reconstruit en France en quelques années. Il était exigeant, obsessionnel et caractériel certes, mais surtout, il n'a pas su éviter de faire souffrir son entourage, de France Gall qu'il a laissé pleurer sur son paillasson après sa victoire à l'Eurovision à son épouse Isabelle ou encore à son second fils Marc qu'il cachait. Et qui ensuite, quand on le quittait, ou qu'on se rebellait, retrouvait son humanité, dévoilant les failles de sa vie, et se lamentant avec un talent poétique qui donnait envie de le croire sans restriction.

 

18 juillet 2016

Les plateformes littéraires

Ces derniers mois, j'ai découvert les plateformes littéraires. Vous le savez peut-être, ces dernières années, le style "New Romance" explose, depuis le succès de la saga After, d'Anna Todd. Et à sa suite, beaucoup de jeunes gens rêvent de rencontrer le succès littéraire via Internet.

J'ai commencé par découvrir Fyctia, lancée par la maison d'édition Hugo et Cie. Elle fonctionne sur le principe de concours littéraires sur un thème donné. Pour publier le "chapitre" suivant, il faut un nombre prédéterminé de votes. En fin de parcours, les "séries" qui ont remporté le plus de votes sont "finalistes", puis c'est la maison d'édition qui décide du gagnant. La récompense est d'être publié par Hugo et Cie ou par des maisons partenaires comme la Condamine (j'avoue que je ne sais pas trop comment ça marche). Les publications sont virtuelles, et les livres en vente à des prix bas.

Puis Fyctia m'a emmenée sur le chemin de Wattpad, son précurseur, où tout est libre. Il suffit de s'inscrire pour publier une histoire de son choix, sans concours, sans vote et sans restriction, mais sans récompense au bout également, à part la perspective d'être repéré et publié par une maison d'édition. Ce qui arrive parfois, d'ailleurs.

Fyctia m'a plu, puis découragée. D'abord, il faut repérer un thème de concours qui nous plaise. Puis, pendant trois mois environ, il faut y passer tout son temps. Une heure après le lancement, il y a déjà quinze séries dont certaines ont publié plus de dix chapitres. Certains auteurs disposent déjà de toute une communauté virtuelle derrière eux, d'autres partent de zéro, et j'ai douté de l'équité du système. Le lectorat est un peu versatile, si on ne publie pas quelques jours durant, le concours est fini pour nous. Quant à  certains auteurs, ils veulent bien faire en donnant des conseils mais donnent parfois l'impression d'avoir tout vu, tout lu, tout compris, et d'être les seuls à pouvoir juger. Toutefois, j'ai participé à un concours, publié six chapitres, et j'ai discuté virtuellement avec des personnalités fort sympathiques. Sans compter que les gentils commentaires font toujours plaisir et soignent le narcissisme.

Sur la qualité des textes, disons qu'il y a de tout. Certains cumulent les fautes d'orthographe mais la plupart émanent de gens qui savent écrire et qui aiment ça. Les scénarios sont bien entendu stéréotypés mais dans un sens, ils soignent tous les complexes : et oui, depuis mon adolescence, je reconstitue des scènes à partir de mes personnages de fictions favoris du moment, ou bien de personnalités que j'apprécie, il y a toujours des clichés : l'amour, le sexe, la rencontre avec une personnalité qui impressionne et met en valeur le pauvre petit personnage que nous nous donnons, nous le rêveur.  J'ai toujours eu un peu honte de ces scènes, je n'ai jamais osé les écrire, en me disant que ça n'avait aucun intérêt, aucune valeur. Et bien, ces dernières années, je découvre que beaucoup d'autres le font et qu'eux osent l'écrire, le publier, et que ça marche ! Alors, surtout, ne pas hésiter : ajouter une star du rock, un personnage principal qui a un yacht sur la Côte d'Azur, et des voyages aux USA, ça passe !

Ce n'est pas ironique, ce que je dis. Il y a un lectorat, il y a des gens qui en vivent, et quant à moi, pour me détendre, j'apprécie de lire ce genre de texte quand il est bien écrit et que les personnages restent attachants. Sur les sites de fanfiction, il y a des textes intéressants et qui mériteraient d'être lus et connus.

Toutefois, à la longue, cela peut être un peu lassant. Par exemple, sur Fyctia, il y a eu un concours nommé "Désirs". Tout un programme, mais autant j'avais apprécié les gagnants de certains concours précédents, qui étaient d'un niveau égal à des auteurs qui vivent de leurs ouvrages, autant ce concours m'a semblé une litanie de textes d'orgies sexuelles et d'amours stéréotypées. Peut-être était-ce le thème qui voulait cela, peut-être étais-je simplement jalouse puisque c'était le concours auquel j'avais participé.

De même, dans tous les concours, on a toujours :
-la fille timide, qui ne sait pas qu'elle est jolie, et qui est vierge les trois quarts du temps,
-le mauvais garçon qui n'est pas en réalité si mauvais que ça (malgré sa jeunesse, il a connu bien des malheurs et il doit apprendre ce qu'est l'amour)
La fille timide et le mauvais garçon s'attirent, se découvrent, se repoussent. Lui l'aime mais tente de s'éloigner parce qu'il est mauvais pour elle, et elle voudrait le convaincre qu'il peut changer.

Ce scénario, c'est une constante depuis Twilight, et a été décliné sous plusieurs formes : le vampire, le satyre sexuel, le mauvais garçon... On a eu les fameux 50 nuances de Grey, la série Vampire Diaries, et puis After, et d'autres que je ne dois pas connaître. Et à la longue, ça fatigue, mais quand on tente la publication sur Internet d'un scénario différent, les commentaires disent "rhoo, c'est courageux, c'est risqué". Par contre, avec ce genre de scénario, les votes affluent.

Après, question construction d'une histoire, il n'y a plus grand-chose : partie 1, ils s'aiment, partie 2, ils ne s'aiment plus, partie 3, ils s'aiment à nouveau.

Quant à la construction du style, c'est tout aussi vain : 50 nuances de Grey était remarquablement mal écrit, débordant de vulgarités en tout genre et de phrases bâteau du style "ma conscience me souffle de ne pas le suivre". A côté, j'ai presque trouvé fabuleusement littéraires les tomes d'After que j'ai lus. Pour les défendre, on dira qu'au moins, ils ont de la vivacité et se lisent bien -même si le style blesse, parfois...-. Mais résultat, sur Fyctia, il y a des gens qui croient que, sous prétexte que ça a marché une fois, il est nécessaire de mal écrire. Certes, je ne suis pas contre un (très léger) brin de vulgarité pour donner du souffle, si par ailleurs, les personnages tiennent la route. Moi-même, je souffre d'une trop grande linéarité. Ce que j'écris, ah c'est joli, c'est bien dit, mais quand on le lit, on a du mal à y croire, du mal à trouver une musique aux mots et si ça se lit, ça ne se lit pas si bien que ça. Alors, même si ce n'est pas de la grande littérature, je respecte ceux qui ont trouvé un style. Toutefois, il ne faut pas aller trop loin quand même....

Sur Wattpad, la liberté engendre le meilleur comme le pire.

Il y a des textes amusants, légers, qui se lisent facilement, il y a même des auteurs déjà publiés qui se prêtent au jeu, des textes en cours de publication aussi. J'ai repéré, sur les deux plateformes, les histoires d'une fille que je trouve extra. C'est lisible, il y a une structure sans qu'elle ne gâche le rythme et il y a toujours une intrigue, simple mais efficace. Elle est la seule dont j'ai eu envie de relire les histoires déjà lues comme on replonge dans un vieux bouquin qu'on a aimé les dimanches de pluie. Un de ses écrits a d'ailleurs été publié par Fyctia, et sincèrement, elle est au niveau d'un Guillaume Musso. Je suis assez jalouse, surtout qu'elle ne doit pas être bien vieille.

D'autres ont aussi du style et tout cela donne de l'espoir aux nouveaux auteurs : pas forcément celui d'en vivre, mais celui de connaître un petit moment de gloire et qu'on puisse se dire : si quelqu'un a un jour lu mes écrits, si une maison d'édition a accepté de les publier, c'est bien que j'ai un petit talent, que je ne suis pas si nulle que ça.... Avant, on envoyait ses textes au hasard aux Editions Flammarion, parce que c'était la seule maison qu'on connaissait, et on se prenait un râteau pas forcément par manque de talent, mais surtout parce que pour être publié et pour espérer peut-être un jour en vivre, il fallait un sacré réseau et un âge certain.

Bon, il y a aussi des textes calamiteux, bourrés de fautes d'orthographe et pratiquement illisibles, d'autres à visée sadomasochiste et qui révèlent parfois un esprit plutôt pervers. Oui, je comprends qu'on a tous des fantasmes, et pourquoi pas les écrire, je comprends qu'on ait pu apprécier en cachette les auteurs érotiques, mais je vous assure que parfois, il y a des trucs qui dépassent un peu l'entendement. Un défouloir, je suppose.

Pour ma part, je n'ai pas encore bien compris le fonctionnement de Wattpad, je suis plus à l'aise avec celui de Fyctia, mais j'aime la liberté, le fait de pouvoir publier sans me soucier des votes et de ne pas avoir à respecter un thème donné. Je n'aime pas tellement publier au jour le jour car j'ai besoin de me relire et de me relire encore, parce qu'il y a des parties de mon histoire que je modifie en cours de réécriture. Je pense que lorsque je serai prête, j'essaierai Wattpad, et si j'ai eu une idée sur un concours Fyctia, je me relancerai.

 

 

Publicité
Publicité
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 30 40 50 > >>
Publicité
Derniers commentaires
Publicité