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Maelig
3 octobre 2011

L'abolition de la peine de mort

Ces dernières semaines, j'ai suvi avec attention les reportages sur le trentième anniversaire de l'abolition de la peine de mort.

Comme beaucoup d'autres de ma génération, j'ai du mal à imaginer que cette pratique ait pu exister en France. Qu'une nuit, à 4 h du matin, on ait pu réveiller un homme pour lui annoncer que son pourvoi en cassation a été rejeté. Que le Président de la République n'a pas accepté de le grâcier.

Un tapis avait été placé dans le couloir de la prison pour couvrir les bruits de pas. Car on venait en groupe : l'avocat général, le directeur de la prison, des gardiens, et puis les avocats.... Sans doute pour diluer la culpabilité, pour que ce soit bien clair que c'était la Nation qui punissait, et elle uniquement.

L'homme s'habillait, on lui passait les menottes. Il sortait, très vite, descendait dans la cour. Ensuite, tout allait très vite : un verre d'alcool, une confession et puis.....

J'ai regardé un téléfilm sur le procès de deux des derniers condamnés à mort : Roger Bontens et Claude Buffet.
Tous deux étaient prisonniers au pénitencier de Clairvaux, dans l'Aube. Claude Buffet avait été condamné à perpétuité pour meurtre. Roger Bontens, lui, purgeait une peine de 20 ans de prison pour braquage (avec arme factice) - peut-être une condamnation un peu trop sévère, d'ailleurs ?

Apparemment, les conditions de détention du pénitencier étaient rudes, trop rudes. Buffet et Bontens se sont rebellés : ils ont pris en otage une infirmière. La prise d'otages a tourné au drame, un gardien a été tué et Buffet a égorgé l'infirmière d'une manière assez odieuse, il est vrai.

200px-Robert_BadinterLes avocats de Roger Bontens se nommaient Philippe Lemaire et... Robert Badinter. Ils ont réussi à prouver que leur client n'avait pas pu tuer l'infirmière. Mais Bontens a quand même été condamné à mort, en sa qualité de complice.

Buffet, quant à lui, avait l'air ravi de sa condamnation à mort. Provocation peut être, maladie mentale sûrement.....
 
Robert Badinter, qui avait tout fait pour sauver son client -même risquer des sanctions disciplinaires-, s'est juré de défendre tous ceux qui risquaient leur tête. Il y a eu Patrick Henry, toujours dans l'Aube, qu'il a sauvé. 

Valéry Giscard d'Estaing clamait son opposition à la peine de mort mais n'avait pas pu l'abolir. Il avait déjà légalisé l'IVG, politiquement, il ne lui était pas possible de faire plus.

C'est Mitterrand, à qui Alain Duhamel a demandé, durant la campagne présidentielle, son opinion sur la peine de mort, qui a repris le flambeau. Avec un brin de panache car l'opinion publique n'était peut-être encore pas prête à l'abolition, il a répondu qu'il y était opposé.

Au début de son mandat, 4 hommes ont été condamnés à mort. Badinter, alors Garde des Sceaux, a conseillé au Président d'abolir tout de suite, vite. A suivi le fameux discours de Badinter le 17 septembre 1981.....

Aujourd'hui, l'un de ces 4 hommes, Philippe Maurice, est spécialiste d'histoire médiévale.  Il avait été condamné à mort en 1981 pour le meurtre d'un policier. Durant ses 23 années de prison, il a étudié et aujourd'hui, il enseigne à l'université.

Le débat n'existe plus : aujourd'hui, l'opinion publique est majoritairement contre (sauf certains....). La valeur dissuasive de la peine de mort est quasi-nulle. Il est évident que le criminel ne réagit pas comme tout un chacun. Celui qui est atteint de maladie mentale éprouve des pulsions meurtrières et se sent immortel. Celui qui tue à la suite d'un braquage n'imagine pas qu'il pourrait en arriver là. Au contraire, les pays qui pratiquent les exécutions capitales, comme les USA, ont un très fort taux de criminalité.

L'argument selon lequel il faut "rendre coup pour coup" est également inopérant. Pour rétablir les droits des victimes, dit-on. Compatir sincèrement à la douleur des victimes est évident. Mais la justice doit être plus grande que tout intérêt privé. Elle protège la société mais elle ne s'abaisse pas à la vengeance.

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Commentaires
M
Je viens de lire l'article, ça a l'air intéressant en tout cas !
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A
Oui, je ne crois pas que ce soit une lecture agréable et enjouée...<br /> J'ai retrouvé le billet de blog sur le sujet :<br /> http://leslecturesdecachou.over-blog.com/article-le-sixieme-commandement-wiliam-muir-84617663.html<br /> Il s'agit donc de Le sixième commandement, de William Muir.
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M
ton livre fait un peu peur, non ?
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A
J'ai lu récemment la critique d'un bouquin sur le sujet. Il me semble que l'histoire se passe en Angleterre. La peine de mort est réintroduite après référendum. Cependant, tous les gens qui ont voté oui l'ont fait en sachant qu'ils pouvaient être appelés à tout moment pour réaliser eux-mêmes une exécution. On va donc suivre l'histoire d'un homme qui a voté oui et qui se retrouve à la place du bourreau lorsque la justice le nomme pour une exécution... Le principe me semble très intéressant!
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