Il y a longtemps que je n'ai pas donné de nouvelles. Il faut dire que, depuis le début de l'été, j'ai connu un bouleversement professionnel : je quitte mon emploi et suis actuellement en période de préavis.

Je vous passe les détails : disons simplement qu'à mon retour de congés, on m'a reproché un certain nombre d'erreurs, de manière plus sèche qu'à l'accoutumée. J'en ai été mortifiée et ai reconnu les faits, mais j'en ai été bouleversée pendant plusieurs semaines. Moi qui n'ai que très peu confiance en moi, je me suis sentie "nulle". Incapable de soutenir mon attention, incapable de maintenir l'ordre dans mes affaires, incapable de remarquer les failles d'un dossier....

Je me suis sentie atteinte dans mon intégrité professionnelle dans la mesure où je me suis beaucoup investie dans mon travail depuis mon arrivée, il y a deux ans et demi, et où mon investissement n'a jamais été reconnu, ni dans la rémunération, ni dans les droits qui auraient dû m'être accordés et qui ne l'ont pas été, ni dans les moyens techniques et humains avec lesquels la structure fonctionne, ni dans la définition et la limitation de la charge de travail. En revanche, toujours la même exigence de l'impossible, le travail dans l'urgence et les mêmes caprices managériaux accompagnés parfois de remarques brutales et sèches, ainsi que d'une forme de culpabilisation de l'erreur qui est plus que détestable.

On m'a menacée de me renvoyer, puis le lendemain, on m'a fait une proposition financière pour continuer à travailler dans la même structure après son déménagement ( !). J'ai naturellement décliné la proposition et me voilà sur le départ.

Un peu ébranlée certes, mais en ayant tiré quelques enseignements positifs sur moi même. Certes, il y avait la charge de travail, la pression. Certes, j'ai acquis ma place, dans les premiers temps, en raison de ma rapidité, et si j'avais travaillé différemment, je ne serais peut être pas restée au cabinet. Je ne sais pas si j'aurai pu réellement faire autrement. Mais je sais aussi que je manque de perfectionnisme, et que, peut être parce que je n'ai pas confiance en moi, je me sens parfois incapable de surmonter les obstacles. Jusqu'à présent, parce que les reproches étaient trop souvent présents, trop pressants mais éphémères, je serrais les dents et les acceptais, mais sans fournir de réel effort pour modifier mon comportement car je ne pensais pas que cela était possible, eu égard aux lamentables conditions de travail dont je bénéficie.

Là, peut être parce que j'ai eu peur d'être renvoyée, j'ai fourni un réel effort. J'ai rangé impeccablement les dossiers. Je me suis davantage relue. Et j'ai découvert que finalement, j'en étais capable. J'ai réalisé que, si je n'étais pas capable d'équilibrer quantité et qualité de travail, j'aurai dû privilégier la qualité à la quantité et que peut être je me serai évitée des difficultés. J'ai aussi compris que j'étais un peu nonchalante, un peu paresseuse, et que je ne fournirai d'effort supplémentaire que si j'étais acculée, dos au mur. Et je pense en tirer des leçons pour l'avenir, dans ma future expérience professionnelle.

Mes efforts ont été remarqués. La situation s'est rétablie au cours de l'été, mais il n'empêche que je pars.

Et finalement, ce n'est pas plus mal. Il fallait que je franchisse ce pas depuis déjà le début de l'année, mais je n'osais pas prendre le risque. Maintenant, c'est chose faite. J'ai échappé à me retrouver coincée chez moi à faire de la mise en état à distance avec un logiciel que, pour le moment, je ne connais pas et dont je ne pouvais pas prédire si réellement, il aurait amélioré mes conditions de travail, et à conclure des dossiers toute la journée, avec la même rémunération, sans contrat, sans congés payés, période de préavis, ni protection d'aucune sorte. Mais sans non plus d'horaires fixes ni de possibilité de m'absenter pour développer ma clientèle ou passer des entretiens.

Depuis un an et demi au moins, je n'apprenais plus rien, je m'ennuyais. Je n'avais même plus envie d'apprendre grand chose, j'avais simplement envie de boucler ma charge de travail au delà de mes possibilités et de rentrer chez moi. Je m'étais engluée dans une routine qui, pour quelqu'un de mon âge et encore débutant, était un peu sinistre.

Je vais pouvoir enrichir mon expérience en étudiant des domaines plus variés et plus intéressants, en rencontrant des clients qui auront vraiment besoin de moi et auprès desquels je pourrai me sentir utile. J'ai constaté au travers des quelques dossiers personnels que j'ai pu avoir à gérer que j'appréciais la réflexion juridique et que je disposais, malgré mes doutes, de certaines capacités. Je vais pouvoir acquérir justement plus de confiance et pouvoir relativiser ma présente expérience professionnelle, lui donner sa juste place. Perspectives plutôt excitantes, mais dont je ne pourrai profiter qu'après avoir passé cette fichue période de transition où je vais devoir convaincre quelqu'un de m'embaucher, puis de me garder au delà de la période d'essai. Je crains de ne pas être capable d'exercer dans un domaine moins limité que celui où j'officie actuellement, je crains la prise de parole en public, d'être rattrapée par mes vieux démons de l'organisation. Je crains de devoir vivre sans argent puisque je ne bénéficierai naturellement d'aucune indemnité.

Advienne que pourra....

Il y a longtemps que je n'ai pas donné de

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