Marie Bonaparte

Arrière petite fille de Lucien Bonaparte, frère de Napoléon I, elle est connue pour ses écrits sur la psychanalyse et la thérapie effectuée avec Freud, son "maître à penser." Cette femme libre malgré une enfance triste et une sexualité difficile n'hésitait pas à voyager et à prendre des amants, malgré le mariage conclu très jeune avec le Roi de Grèce, Georges, un homosexuel par ailleurs charmant qui ne s'intéressa jamais vraiment à elle. Aujourd'hui, elle demeure, outre une figure des débuts de la psychanalyse, l'incarnation d'une femme libre, ayant su résister aux conventions sociales de son temps.
Marie naquit le 2 juillet 1882. Son père, Roland, sous lieutenant à St Cyr, s'intéressait plus aux sciences qu'à sa famille. Il avait épousé par intérêt Marie Félix Blanc,, héritière des casinos de Monte Carlo, grâce à sa mère, Eleonore Ruffin, surnommée Nina. Selon Napoléon III, Pierre Bonaparte, le père de Roland, avait conclu une mésalliance en épousant la fille d'un fondeur en cuivre. Cet ostracisme n'a pas adouci celle que l'héritier des Bonaparte épousa sur le tard car elle intrigua pour priver sa belle fille de l'héritage de sa mère, et son unique réaction en apprenant que cette dernière souffrait de tuberculose fut de conclure sur sa tête une assurance vie !! C'est dans ce contexte tourmenté que la petite Marie vit le jour. Enfant chétive et pâle, elle reçut l'éducation traditionnelle des bambins du 19ème : une nourrice tendre, des parents indifférents et des vacances à Dieppe. Son père l'initia à la physique et à l'astronomie, sa grand mère "ne s'intéressait guère aux bébés". Entre 8 et 10 ans, elle noircit des cahiers d'écoliers de pensées qu'elle occulta totalement par la suite. Elle étudia les langues et la littérature, et comprit très tôt l'ingrate place réservée aux femmes dans la société où elle vivait. Par exemple, c'était son sexe qui l'empêchait de se présenter au baccalauréat où tous les hommes de sa famille avaient été reçus.
Adolescente révoltée, elle vécut une première histoire de coeur avec un officier trentenaire rencontré un été, qui la fit chanter en se servant des lettres d'amour qu'elle lui avait écrites. Son père la délivra et elle demeura sous sa coupe jusqu'à son mariage, à 24 ans. Elle eut deux enfants, Pierre et Eugénie, voyagea en Grèce et devint la reine des salons mondains en réunissant à sa table Poincaré, Tardieu, Rudyard Kipling et Aristide Briant à partir de 1913. Aristide Briant, cet avocat et journaliste quinquagénaire devenu un brillant homme politique, fut celui qui tenta d'apprendre l'amour à une princesse de Grèce désabusée par l'homosexualité de son mari. Leur liaison dura toute la guerre mais fut platonique, Marie présentant des signes de frigidité qui allaient être à l'origine de son traitement par Freud. Par la suite, elle eut d'innombrables amants, sans qu'aucun ne parvienne durablement à enchaîner son coeur. En 1925, elle fut présentée à Freud. L'analyse dura six mois et un climat de confiance s'établit entre eux, au point que Marie envisagea de devenir elle même analyste. Elle fit partie de la Société Française de Psychanalyse, donna des conférences à la Sorbonne.. Sa relation avec Freud nuit à sa vie familiale, ses enfants ayant été perturbés par l'absence de leur mère, mais elle assumait les conséquences de son geste. N'ayant pas elle même connu d'amour maternel, elle ne pouvait se montrer pleinement épanouie dans la maternité.
Au début de la guerre, elle s'ingénia à obtenir pour Freud une autorisation de séjour en Angleterre, se préoccupa du sort de sa famille, usa de ses relations au Quai d'Orsay et finalement parvint à sauver plus de deux cent intellectuels en danger. Comme Freud lui même, elle avait pleinement saisi le danger que représentait Hitler et s'ingénia à en convaincre une opinion publique encore ignorante. Dans les années 50, elle publia ses Mémoires et d'autres Essais sur la psychanalyse. Son mari mourut après 50 ans de vie commune, et elle même s'éteignit en 1962.

Comments

[maelig]

C'est très gentil !!! Alors, à quand ton blog ? J'ai hâte je le lirai avec beaucoup de plaisir !!

[Alys]

Tu as réussis à me passioner à un sujet qui ne m'intéressait pas plus que ça à la base!
Voilà un bon exemple de femme forte du 3e millénaire! C'était bien plus difficile à l'époque de se faire une culture et d'être prise au sérieux que ça ne l'est maintenant, même s'il reste du progrès à faire.