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Maelig
13 juin 2020

Réflexions sur les différences

Plus j'y pense, plus je suis intéressée par la question des différences. Parce que les différences sont multiples mais toujours au coeur de nos vies.

Bon nombre de personnes sont concernées par les différences : 

  1. de couleur de peau, de religion, de culture,
  2. d'orientation sexuelle,
  3. liées à un handicap physique ou mental, visible ou invisible
Les handicaps physiques (perte de la vue ou de l'audition, perte de l'usage d'un membre et notamment des membres inférieurs) sont connus. Mais on oublie souvent que 80% des handicaps sont invisibles :
  • maladies chroniques comme la fybromalgie, ou même le SIDA,
  • séquelles de cancers, d'AVC, de tumeurs, de crises cardiaques,
  • ou encore la surdité quand la personne peut être appareillée mais au final n'a pas complètement la même capacité d'audition qu'un entendant,
  • troubles d'apprentissage -dyslexie, dysgraphie, dyspraxie, dysphasie, TDAH, séquelles d'épilepsie-, 
  • troubles psychiques -bipolarité, schizophrénie, trouble borderline, addictions, dépression, troubles du comportement alimentaire, autisme.....

Soyons francs, toutes les différences engendrent des conséquences, soit matérielles, soit psychologiques (ou les deux). 

Et ces conséquences sont difficiles à vivre et font de la vie des personnes concernées un combat. Parce que s'intégrer dans une société quand on n'entre pas dans une norme, ce n'est pas naturel à l'être humain. Et le regard de la majorité n'est pas forcément bienveillant : eh oui, le racisme existe (et pas seulement dans les relations avec la police mais de manière bien plus générale), l'homophobie aussi, l'incompréhension vis-à-vis des personnes porteuses de handicap. 

Alors, quand on a souffert, la tentation est grande de se replier sur soi. De vivre auprès de sa communauté et de considérer l'AUTRE, celui qui fait partie de cette fameuse majorité dans la société, comme un danger. C'est humain, c'est respectable. On ne peut pas juger ni condamner parce que les personnes concernées savent que c'est une tentation quotidienne.

Certains vont peut-être se demander pourquoi j'évoque dans un même article TOUTES les différences. Alors, oui, chaque communauté et chaque personne ont des besoins spécifiques. Mais le ressenti demeure le même : celui de ne pas être complètement "comme tout le monde", et cette envie de repli.  

D'autres diront aussi : "ne colle pas d'étiquette sur les gens". Mais c'est ignorer que les étiquettes, du moins dans un premier temps, soulagent.

Vous croyez vraiment que les personnes homosexuelles ou celles qui se sentaient appartenir à l'autre sexe étaient heureuses de l'être à l'époque où il n'existait aucune communauté, aucune communication entre elles ? Vous croyez que c'est agréable de se dire "je suis différent et je suis LE SEUL ?" Elles ont pu se sentir fières à partir du moment où une communauté s'est créée.

Et aujourd'hui encore, quid des personnes souffrant d'une maladie chronique ou d'un trouble d'apprentissage non diagnostiqué ?

Vous croyez que c'est cool, de se dire qu'on souffre, qu'on est fatigué, qu'on a mal partout et qu'on ne sait pas pourquoi ? Flash info : on ne se dit pas qu'on est unique et fier de l'être, non. On baisse la tête face à ceux qui nous traitent de fainéant, qui nous disent qu'on s'écoute trop. Quand un diagnostic tombe, il donne une arme pour restaurer son estime de soi. Non, ce n'est pas de notre faute, non, on n'est pas coupable. 

Alors, oui, ce repli, il est humain et compréhensible. On est plus sensible lorsqu'on a été malmené.  Surtout lorsqu'en face, ceux qui ne sont pas concernés multiplient les maladresses ou tout simplement, ne comprennent pas. Mais pourquoi vous avez besoin de vous définir par une étiquette ? Ou plus spécifiquement ; mais pourquoi vous ne pouvez pas faire ce que tout le monde fait ?

Oui, pourquoi un dyslexique ne peut pas apprendre l'orthographe ? Pourquoi un dyspraxique a encore cassé des verres, a du mal à ranger convenablement ou ne peut pas se repérer dans la rue au point d'être en retard à tous ses rendez-vous ? Eh bien, parce que son cerveau n'est pas programmé pour cela. Et qu'il n'y peut rien.

Le troubles psychiques sont d'ailleurs les grands perdants de la lutte pour les différences. Parce que c'est un handicap invisible et parce que cela touche au cerveau. Or, le cerveau est notre identité. Et la société est fondée sur de grands principes :  on doit être performant, on doit être gentil. Hors de cela, point de salut. Les AUTRES, ceux qui ne sont pas concernés, ont tous les droits, y compris celui de taper.  

Mais pour autant, malgré les difficultés, et même s'il est injuste de devoir faire plus d'efforts que la moyenne, je crois qu'il est de la responsabilité de chaque personne qui se sent différente de la majorité de rester connectée aux autres. D'abord en faisant tous les efforts possibles pour être autonome et à son meilleur niveau de performance. Ensuite en communiquant sur sa différence et son ressenti pour espérer être mieux compris.  Et surtout en comprenant qu'on ne peut pas toujours être compris. 

Sinon, on perd la possibilité de bénéficier d'interactions de qualité avec d'autres êtres humains. Et on se perd soi-même.

Si on a la chance de faire partie d'une communauté forte, comme la communauté noire ou la communauté homosexuelle, on en vient à ne vivre qu'au sein de sa communauté. Si on représente un pouvoir politique ou marketing, on peut en venir à faire pression et à intimider les autres. On court le risque de sombrer dans l'extrémisme : politique, religieux....

Si on ne représente personne, (oui, parce qu'on n'a pas encore vu de manifestation de personnes porteuses d'autisme, de troubles d'apprentissage ou de bipolarité, pour l'excellente raison que ça n'intéresse personne), eh bien on meurt. On déprime et on meurt. 

 

Et, de même, il est de la responsabilité de ces fameux AUTRES de faire preuve d'ouverture d'esprit et d'écouter.

Ce n'est pas une formule magique, ce n'est pas simple. Les maladresses, les erreurs vont survenir d'un côté comme de l'autre. Parce qu'être aidante d'une personne porteuse de handicap, ou être parent, professeur ou employeur de personne porteuse de troubles de l'apprentissage, ce n'est pas simple. C'est fatigant, frustrant, et nécessite de gérer ses nerfs. Et quand on est employeur, se rajoute la difficulté de gérer les contraintes de l'activité. 

Malgré toute la bonne volonté du monde, le monde ne peut pas tourner autour d'une personne. Et l'entourage des personnes "différentes" est humain, lui aussi. Il a ses faiblesses, qu'on ne peut que comprendre. 

La seule solution possible, c'est le DIALOGUE. La COMMUNICATION. L'OUVERTURE d'ESPRIT. L'ECOUTE. La personne "différente" doit admettre que l'autre n'a pas le pouvoir de transformer sa vie. Un handicap restera toujours difficile à vivre. Ce qui peut être amélioré, c'est la manière dont il est considéré dans la société. La personne d'origine différente, d'orientation sexuelle différente doit admettre que si la société évolue, il faut toujours communiquer et accepter que les autres puissent parfois être maladroits. L'évolution des mentalités ne pourra être que progressive. 

Et ceux qui sont suffisamment privilégiés pour ne pas être concernés ont le devoir d'écouter, de comprendre, de ne pas nier les difficultés. De s'informer et de s'éduquer pour réagir le mieux possible et pour éviter les maladresses trop nombreuses. Le devoir, pour ceux qui en ont le pouvoir, de rendre les minorités visibles : dans les médias, dans les fictions..

C'est plus facile aujourd'hui. La société actuelle donne la parole à ceux qui ne l'ont pas encore eue. On n'a plus envie de souffrir en silence, on veut être une voix et on veut être entendu. Et fort heureusement, on l'est de plus en plus. 

Vous l'aurez compris, les références à l'actualité sont manifestes, quelques semaines après la mort de Georges Floyd, plaqué au sol pendant huit minutes par un policier pendant son interpellation, et alors que la France manifeste en soutien à la famille d'Adama Traoré, un garçon d'origine malienne d'une vingtaine d'années, décédé durant sa garde-à-vue le 19 juillet 2016. 

Je ne suis pas concernée par le racisme (quoique d'origine martiniquaise), mais je sais que le racisme existe dans toutes les sphères de la société, et qu'on peut y être confronté à chaque instant de notre vie. Les mouvements actuels sont peut-être un peu extrêmes mais ils ont le mérite, peut-être, de faire avancer la société et d'éduquer chacun d'entre nous à davantage de tolérance. 

Néanmoins, il est dommage que cette lutte pour les droits ne se fasse pas de manière plus positive. Ce devrait être un combat universel et pas CONTRE quelqu'un d'autre. 

 

Pour que, dans le présent, on s'enrichisse les uns des autres, et que dans le futur, on n'ait même plus à y penser..... 

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