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Maelig
21 octobre 2007

La fin des Romanov

A la mi juillet 1918, les Romanov étaient enfermés à Ekaterinbourg depuis près de trois mois. Dans la nuit du 0010401024 avril, le couple impérial et leur troisième fille Marie avaient entamé les premiers le voyage vers la petite ville de Sibérie. Olga, Tatiana, Anastasia avaient retardé leur départ en raison de la maladie de leur petit frère Alexis, hémophile. Les envoyer au fin fond de la Sibérie, dans la ville du Soviet de l'Oural, le plus cruel de tous, équivalait à un arrêt de mort, du moins pour le tsar, qui d'ailleurs en était parfaitement conscient, mais espérait encore sauver les siens. Dans la maison Ipatiev, leurs conditions de vie s'étaient rapidement dégradées. A Tsarkoie Selo et à Tobolsk, les gardes se montraient accueillants envers les souverains déchus, séduits par la gentillesse et la vivacité des enfants, par la bonhomie du tsar. A Ekaterinbourg, avaient été sélectionnés les gardiens les plus durs, fervents partisans des bolcheviques.
Dans la journée du 16 juillet, le petit mitron, Sednev, avait été emmené, et le dernier message du journal de la tsarine fut pour lui. Mais les Romanov étaient habitués : n'avaient ils pas déjà vu disparaître quasiement sous leurs yeux leur ami le prince Basile Doulgorovski, le matelot Nagorny qui avait veillé sur Alexis toute sa vie ? Aucun d'entre eux n'était revenu. Quant aux membres non russes de leur suite, le suisse Gilliard, précepteur des enfants impériaux, l'anglais Gibbs, médecin, ils n'avaient pas reçu la permission d'accompagner leurs protégés à Ekaterinbourg. Installés dans les environs, ils pressentaient le drame et télégraphiaient désespérément à l'Armée Blanche, aux Cours Européennes.... En vain....
Vers minuit, le commandant Iourovski éveilla lui même la famille impériale, endormant leur méfiance par des mensonges : il fallait descendre à la cave pour se protéger des bombes lancées par les Blancs, puis se préparer à un éventuel voyage.... La tsarine et ses filles enfilent les vêtements où elles ont méticuleusement cousu leurs bijoux, derniers restes de leur fortune. Le tsar porte Alexis, qui se remettait à peine d'une crise.
Arrivés à la cave qu'ils ne devaient plus quitter vivants, Iourovski les dispose pour prendre des photos destinées à rassurer l'étranger, où on les dit morts. Le couple impérial devant, puis les enfants et enfin les domestiques, les docteurs Derevenko et Botkine, la femme de chambre Demidova...
En réalité, Iourovski a reçu le 15 juillet l'ordre d'exécuter les Romanov, il n'attend plus que la confirmation écrite de Moscou. Tout doit se passer dans le secret le plus absolu : les corps doivent disparaître et les journaux sont sommés de relater uniquement l'exécution du tsar, sa famille ayant été "évacuée en lieu sûr."
Le commandant Iourovski, assisté d'Ermakov et d'un très jeune bolchevique, Grigori Nikouline, a déjà recruté un détachement de Lettons pour l'exécution, repéré un endroit où enterrer les corps......
"Nicolas Alexandrovitch, vos parents ont tenté de vous sauver, mais ils n'y sont pas parvenus, et nous sommes obligés de vous fusiller."
Le tsar se tourne, dos au détachement, vers sa famille. Puis demande au commandant : "Hein ? Quoi ?" Iourovski lit la sentence, la répète sur demande du tsar qui, cette fois, se tait. Derrière, Alexandra et Olga qui elles ont compris, se signent précipitamment. Avant de mourir, Nicolas II prononce encore quelques paroles, que ne notent pas ses bourreaux : "Vous ne savez pas ce que vous faîtes."
Si le tsar et la tsarine meurent rapidement, les bijoux dans les habits des enfants empêchent les soldats d'atteindre le coeur, et il faut les achever à la baïonnette, le peloton d'exécution commençant à prendre peur : "et s'ils étaient vraiment d'essence divine, si on ne pouvait les tuer ?"
Leurs corps sont transportés en troïka vers une première fosse, dont le secret est rapidement éventé. Sans doute des soldats qui n'ont pas su tenir leur langue.... En hâte, les gardes déplacent les corps, arrosés d'acide sulfurique, vers un autre endroit.
En 1991, lors de fouilles ordonnées par Eltsine, on retrouve les squelettes des Romanov. Seule une partie de l'Eglise Orthodoxe, éprouvant des difficultés à assumer cette partie de son histoire, dénie leur identité. Entre temps, les légendes se sont multipliées, et le monde entier a cru à l'histoire d'Anna Anderson, cette pensionnaire d'un hospice berlinois qui se prétendait la dernière fille du tsar. Alors, fin du mythe ? Pas tout à fait car deux corps manquaient : celui d'Alexis et d'une des jeunes filles, justement ceux autour desquels couraient les plus folles rumeurs. En juillet 2007, Vladimir Poutine autorise la reprise des fouilles, et à la fin septembre, la presse mondiale dévoile la découverte de deux squelettes calcinés, celui d'adolescents, un garçon et une fille, sûrement frère et soeur. Hypothèse la plus probable : les soldats Rouges, après avoir déterré une première fois les corps, tentent de les brûler. Mais se rendant compte de la difficulté de l'entreprise, ils paniquent, abandonnent en enterrant à la hâte les deux corps déjà enflammés. Les heures étaient comptées car l'Armée Blanche n'était plus loin, et d'ailleurs, les Rouges capturés ont été par la suite pendus.
Une semaine plus tard, l'Armée Blanche entrait dans la ville, et un juge Blanc, Sokolov, commençait son enquête sur la disparition de la famille impériale. C'est ainsi que leur exécution n'était plus un mystère en Europe depuis les années 20, mais la propagande bolchevique empêchait les Russes d'en être informés.
90 ans après, il semble que toute la lumière soit enfin faite sur l'histoire sordide de la fin des Romanov.

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