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Maelig
24 février 2008

Les rois maudits deuxième partie

Lorsqu'Isabelle, quelques mois plus tard, retrouva Paris lors d'une visite officielle, elle se montra d'une chaleur inattendue envers des belles soeurs qui n'avaient jamais attendu d'elle le moindre signe d'affection.
-"Mes chères soeurs, comme je suis heureuse !" s'exclamait-elle, avec aux lèvres un sourire qui n'atteignait pourtant pas ses yeux. Et, en gage de sa tendresse, elle leur offrit de fabuleuses aumonières bordées d'or, ouvrage des artisans les plus doués de Londres. "Je tiens à vous faire souvenir de moi", affirma-t-elle.
Son regard était pourtant tourné vers ce père si froid, mais qui la comprenait si bien. Leurs personnalités s'étaient toujours accordées et, en son for intérieur, lui regrettait qu'Isabelle ne fut pas un garçon, apte à occuper le trône, à la place de ce Louis à l'esprit faible. Quant à elle,  dans ses yeux clairs, elle revivait son enfance heureuse, à la Cour de France. C'était pour lui, et pour la couronne qu'elle se compromettait ainsi dans d'infâmes complots.

Les princesses n'avaient que faire des présents d'Isabelle. A peine eut elle le dos tourné que ces têtes folles n'eurent rien de plus pressé que d'offrir les aumonières à leurs amants.
-"Regardez, gentils sires", susurrèrent elles. "Ce sont objets magnifiques mais un peu grands pour des femmes." commença Marguerite, tout sourire. "Comme ils vous iront bien", renchérit Blanche.
Sans doute pensaient-elles ne rien risquer, ou bien éprouvaient-elles un plaisir secret à faire peu de cas des présents d'une belle-soeur hypocrite. Marguerite en particulier méprisait les sourires d'Isabelle, qu'elle devinait peu sincères. Mais.....

Isabelle n'avait pas regagné Londres sans laisser à Paris des espions, qui bientôt lui rapportèrent que de jeunes nobles, les frères d'Aulnay, portaient les fameuses aumonières aux bals de la Cour. Et bientôt, la jeune femme revenait tambour battant en France, sans s'être annoncée.
"Mon père, j'ai à vous mander une affaire d'extrême urgence. Vos fils.... ils sont cocus !L'honneur du royaume ne saurait le tolérer."
La riposte ne se fit pas attendre. L'infernal trio féminin ne reparut en public que pour assister, quelques jours plus tard, au supplice de leurs amants. Marguerite, crâne rasé et vêtue de bure, fut la seule à garder contenance. Blanche s'était évanouie, et Jeanne se tordait aux mains des geôliers, hurlant qu'elle était innocente, qu'elle n'avait pas trahi son seigneur ! Livide, leur aînée ne les regardait pas. Son regard était fixé vers l'homme qu'elle avait aimé et qui partait vers sa fin.... Torturé en compagnie de son frère, Gaultier avait avoué tout ce que l'on avait voulu, et il avait fallu le porter jusqu'au supplice. Châtrés, roués de coups et écartelés, les deux jeunes nobles avaient dû trouver miséricordieux le bourreau qui eut la bonne grâce de leur trancher la tête, au terme d'un martyre de plusieurs heures.

A la fin du jour, toutes trois s'agenouillaient aux pieds du roi pour entendre leur sentence. Réclusion à perpétuité, à la forteresse de Château Gaillard pour Marguerite et Blanche, au château de Dourdan pour Jeanne. Mince avantage arraché au roi par Philippe, l'époux de la jeune femme, qui, convaincu de son innocence, n'avait cessé de la défendre. La vie à Dourdan était austère mais digne d'une dame, alors que Château Gaillard n'était une prison pour criminels endurcis.

Cependant, la malédiction rattrapait la famille royale. Le 29 novembre 1314, Philippe le Bel rendait son âme à Dieu, et, en entendant sonner les cloches du deuil, une femme amaigrie et grelottante souriait : désormais, elle était Reine de France, et il faudrait compter avec elle ! Certes, mais pas pour longtemps : des envoyés de son époux vinrent lui proposer l'abdication en échange d'un retour à une vie plus normale. Elle refusa net. Quelques semaines plus tard, on la retrouvait égorgée sur sa paillasse, tandis qu'une femme blonde venue de Hongrie montait sur son trône. Blanche, quant à elle, abdiqua et termina ses jours dans un couvent, à demi folle.
Jeanne eut plus de chance. Le Hutin ne demeura pas longtemps sur le trône. Son successeur, l'époux de Jeanne, la fit libérer, et elle régna à ses côtés pendant cinq ans, jusqu'à ce qu'un mal mystérieux ne l'emporte.....

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