Qu'est ce que je ferai si je ne travaillais pas ?

Je suis tellement occupée par mon travail, qui m'intéresse sans être une passion pour autant, que je ne rêve que de temps libre. De profiter de mon intérieur où je ne suis jamais. De m'autonomiser des patrons. Car, il faut bien l'avouer, même si travailler m'épanouit, je demeure dans un rapport de soumission avec mon employeur. Par ce qu'il m'offre (de l'argent, une situation sociale, une stabilité), il a barre sur moi.

Je me dis que j'aimerai faire du sport, m'inscrire à un atelier d'écriture, à un autre de théâtre. Que j'aimerai écrire quotidiennement, terminer un roman ou un recueil de nouvelles. Visiter des expositions, me rendre à des conférences, et voyager.  Passer plus de temps avec mon ami et faire autre chose de notre temps libre que regarder tous les films de Canal + à la demande. Je suis sûre que je trouverai de quoi occuper mon temps et, par moments, je suis si fatiguée, physiquement et moralement, que je suis convaincue de mériter un an de vacances.

Je lis sur Internet des articles sur le funenmployment, sur la perte d'emploi bien vécue. Sur cette jeune femme de 28 ans, ancienne directrice commerciale de l'Oréal, qui a travaillé jusqu'à l'épuisement pendant plusieurs années avant de créer son blog Ma vie de chômeuse, et de proposer de tester des activités que les travailleurs n'ont jamais le temps de faire. Je me souviens de ce reportage sur cette fille qui avait choisi de ne vivre que de ses économies et d'arrêter de travailler pour retrouver le sens de sa vie.

Je travaille beaucoup et je crois que je me suis construite sur le travail. Mais pas sur l'ambition professionnelle. Je n'ai pas besoin d'être brillante, d'avoir beaucoup d'argent ou un super poste pour exister. Je n'ai jamais souhaité travailler dans les grands cabinets d'avocats et, les rares fois où j'ai postulé, ces derniers étaient plutôt du même avis.

Pour autant, qu'est ce que je ferai vraiment si je ne travaillais pas ? Je me souviens de certaines longues vacances d'été où je n'avais strictement rien à faire. Je m'avachissais dans ma chambre, devant mon ordinateur. La tête me tournait. Je regardais la télévision. Maintenant, ce serait pareil, et de plus, comme je n'ai plus de regard parental sur moi, je pense que je pourrai me passer de m'habiller si je ne sors pas. Ou rester toute la journée à lire dans mon lit. Cela fait du bien, mais cela a aussi un intérêt limité.

Je ne sais pas si j'aurai suffisamment de constance pour mener réellement de nouveaux projets de vie, pour organiser un voyage, pour me cultiver différemment ou mener des activités. Et pour organiser mes maigres économies de manière à ne pas trop souffrir de ma perte d'emploi.

Au final, à mons sens, je crois que je suis contente et que je me construis en travaillant, malgré les difficultés. Etre débordée est pour beaucoup une façon d'exister, et c'est un peu mon cas. Je ne pense pas tenir toute ma vie à ce rythme mais je ne peux pas non plus jouer les victimes parce que je rentre tard. D'abord parce que je n'ai pas imposé suffisamment de barrières à mon employeur dans les premiers temps de notre collaboration, et ensuite parce que de toute façon, je travaille mieux le soir que la journée. J'aimais déjà travailler le soir lorsque j'étais étudiante. Le jour, on est souvent dérangé par le téléphone, les sollicitations diverses, et surtout, le matin, on a l'impression d'avoir le temps, que la journée va être longue....  je ne suis pas tout à fait suffisamment organisée.

La meilleure solution, c'est encore l'équilibre. Si je quittais mon emploi, je pense que je pourrai m'épanouir six mois à faire autre chose que travailler, à voyager ou à suivre un autre mouvement de vie, en attendant de retrouver une autre opportunité. Pour autant, je m'en lasserai et je ne crois pas que cela me construirait autant qu'une autre expérience professionnelle. Que j'espère par contre moins prenante que l'actuelle.