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Maelig
19 avril 2014

Voici venue la fin des congés, dans trois jours,

Voici venue la fin des congés, dans trois jours, je retournerai travailler. J'en suis profondément triste et presque angoissée, mais bon gré mal gré, (et par absence totale de choix), je ferai preuve de vaillance et j'y retournerai.

L'ambiance s'est dégradée sur mon lieu de travail. J'ignore si l'annonce par la direction d'un prochain déménagement en est la cause. Beaucoup de stress et de brusquerie se font ressentir, et je traverse une période où je suis moins à l'aise.

Je commence à connaître mes forces et mes faiblesses. J'ai conscience de l'évolution qui a été la mienne au cours des deux ans et demi que j'ai passées dans cet endroit. Globalement, cela reste une expérience positive, et très valorisable. Mais je demeure peu à l'aise. Je n'ai pas confiance en moi et je dépends de l'opinion des autres. Si on me dit que je travaille bien, je vais le penser. Si on me dit que je suis nulle, je vais le croire. Et en ce moment, on me répète un peu trop souvent que je suis nulle. Enfin, pas tout à fait dans ces termes là, j'avoue. Mais les reproches qui ont toujours accompagné mon évolution se font plus pressants.

En cause, mon étourderie et mon désordre.

J'incrimine souvent le manque de temps pour me pencher sur les questions de fond et les impératifs de gestion du cabinet.  Néanmoins, j'avoue avoir toujours été désordonnée, depuis l'adolescence. Le rythme de travail n'est pas le seul facteur en cause. A l'époque, cela n'avait pas d'importance, cela demeurait privé et n'influait pas sur mes résultats scolaires. J'avais quelques soucis avec mes parents qui me disaient de ranger ma chambre mais comme j'avais du mal à le faire régulièrement, ils avaient fini par s'y habituer. C'est d'ailleurs mon problème : tout le monde s'y est toujours habitué. Je n'ai jamais vraiment essayé de faire des efforts ni de me pencher sur la question. D'ailleurs, j'ai été une enfant unique et gâtée, on a toujours fait beaucoup de choses à ma place.

Néanmoins, à ma décharge, c'est vrai qu'en arrivant dans le monde du travail, il aurait fallu que je fasse plus d'efforts sur ce point qu'un autre qui n'aurait pas eu les mêmes faiblesses. J'en étais consciente et je crois que, les premiers temps, je l'ai fait. Autant que possible du moins car parfois, j'ai du mal à réaliser qu'un endroit ou un dossier est en désordre. Pour la simple raison que moi, je m'y retrouve très bien, et je ne discerne pas immédiatement l'utilité de le ranger.

Malgré tout, mon désordre est apparu au grand jour, j'en ai été réprimandée quelques fois. J'ai tenté de faire des efforts. Enfin, je crois. Mais dans le même temps, le rythme de travail s'intensifiait, mes fonctions prenaient de l'ampleur et j'avais bien d'autres choses à gérer. J'avais aussi du mal à discerner que je n'allais pas être celle qui allait forcément reprendre le dossier. J'ai mis du temps à m'habituer à la fragmentation des tâches qui règne sur mon lieu de travail, à supposer que je m'y sois habituée, d'ailleurs. Je n'avais donc pas conscience de gêner mes collègues.

Avec davantage d'expérience, j'en ai eu conscience, mais j'avais pris de mauvaises habitudes dont j'ai eu bien du mal à me défaire. Tout le monde a fini par s'en apercevoir, chacun me mettait sur le dos n'importe quel dossier mal rangé. En même temps, tout le monde s'habituait à mon désordre, alors j'ai fini par passer à autre chose et à ne plus jamais y penser. D'ailleurs, on ne me faisait pas la remarque à chaque fois qu'on trouvait un dossier mal rangé. Comme je le disais, c'est mon problème : tout le monde s'est toujours habitué.

Parallèlement, je pense que d'autres aspects de mon travail devaient être satisfaisants, j'ai travaillé dur, je ne me suis pas plainte, j'ai évolué et progressé. Le temps a donc passé.

Moi même, j'ai constaté l'intense charge de travail, qui peut être satisfaisante dans un premier temps et permettre d'évoluer, puis décourage aussi et rend malheureux. J'ai aussi constaté la désorganisation. L'absence de prise en compte de l'individu mais sa sujétion à la structure. Les horaires difficiles, l'absence de possibilité de se dégager pour mener d'autres activités qui sont pourtant légales. Les crises en cas de maladie. Les humiliations répétées en cas d'erreur ; les petites phrases assassines. Et l'absence de lucidité de "ceux qui nous gouvernent", à savoir qu'ils commettaient les mêmes fautes. On me reprochait mon désordre mais on faisait exactement pareil que moi. Ensuite, on rouvre le dossier, on le trouve mal rangé et on dit que c'est moi, c'est tellement facile.

On n'imprimait pas les mails, on ne notait pas les petites phrases réglementaires sur les dossiers, mais on reprochait aux autres de ne pas le faire. On dit d'imprimer les mails mais l'unique imprimante n'est jamais libre, sauf le soir, tard, quand on est passé à autre chose et qu'il faut s'interrompre dans sa concentration. On le fait parfois, pas toujours, on se rend compte que, si on ne le fait pas, on peut faire d'autres choses, alors on fait des choix. On finit par le faire le matin, à la fraîche, quand personne n'est encore arrivé. Et puis parfois, les autres arrivent trop tôt et on n'a pas le temps. On culpabilise la première fois et puis on culpabilise moins, et finalement l'affaire passe mieux que prévu. Il y a quand même une certaine souplesse au niveau de la direction.

On m'a imposé de plus en plus de contraintes, alors que ces contraintes auraient pu être réglées autrement, par l'achat d'un meilleur matériel par exemple. Je me suis intérieurement fâchée, j'ai ruminé, j'ai trouvé injuste que les reproches soient pour moi. Je n'ai pas osé parler haut et fort et d'ailleurs cela n'aurait servi à rien. Mais j'ai adapté mon attitude.

A un moment, j'ai fini par avoir moins de scrupules, et petit à petit, je me suis relâchée.

J'ai cessé de m'inquiéter, j'ai cessé d'y penser.

Je dois avouer qu'il y a quand même eu quelques améliorations. J'ai fini par avoir le droit d'utiliser l'imprimante plus souvent en l'absence et même en la présence des patrons. Les problèmes au niveau des mails se sont à peu près résolus. Une fois que j'ai commis quelques erreurs, je me suis vu retirer certaines attributions, prises en charge par la direction elle même. Sur le moment, cela pouvait être un peu vexant, mais au final, c'était plus confortable.

Et en même temps, comment dire ? Dans cette ambiance pas toujours agréable, à être continuellement surchargée, j'ai fini par m'habituer, en prendre mon parti. Je ne pouvais pas me rebeller explicitement, alors continuer à être comme j'étais, c'était aussi le moyen défensif d'affirmer mon identité. De dire : "tu peux me surcharger, m'imposer de rester tard, m'épuiser, me parler mal, mais finalement tu ne pourras pas me changer". Je n'ai plus fait d'efforts. J'ai lâché prise.

Ces derniers temps, les patrons sont stressés, probablement à cause de l'annonce du déménagement. J'ai beaucoup à faire, on s'en est rendu compte et on tente quand même de m'aider, on ouvre plus souvent les dossiers. On se rend compte des problèmes et on me les reproche car on en voit le désagrément.

Et je subis une salve de reproches de plus en plus stressants. Je culpabilise un peu, je me rebelle un peu, je tourne mes propres fautes vers autrui (une technique qui fonctionne très bien sur mon lieu de travail d'ailleurs). Je fais semblant de ne pas être atteinte mais en réalité, j'y pense quand même, mes vacances en sont quelque peu affectées. Cela me mine.

Je me dis que cette faiblesse me portera tort partout où j'irai. Que par ailleurs, je ne suis pas si brillante que je puis me permettre d'être originale. Qu'on ne m'acceptera pas partout, et que finalement, j'ai eu de la chance d'être acceptée telle que j'étais. Je me sens nulle.

J'incrimine mon environnement, ce n'est pas faux, certes. Mais en même temps, serais je différente si j'avais le temps ou si j'étais dans un cadre plus doux ? Est ce que je fais le choix délibéré de ne pas faire certaines choses ? Non, c'est plus une incapacité qu'un choix. Si j'étais payée 5 000 €, je ne serai pas différente. Remise en question ......

On m'accuse également d'aller trop vite et de ne pas me relire suffisamment. C'est vrai que je ne me relis que très rapidement, d'une relecture qui ne me permet pas de discerner beaucoup d'erreurs. En outre, cette relecture, qui intervient juste après l'acte, me laisse la tête vide. Je ne suis pas reposée, il faudrait que je relise le lendemain. Mais je ne le peux pas. Pourquoi ? Parce que le fonctionnement de la structure impose finalement de gérer la "mise en état" plus urgente, en journée, et de conclure en soirée. Et qu'une fois l'acte terminé, on n'a que peu de temps pour se relire, pour ranger. Je conclus mieux lorsque je conclus en journée, mais cela prend du temps et j'ai l'impression d'avoir moins fait de choses. Le soir, je n'ai qu'un train par heure, je rentre quotidiennement à 22 heures, parfois 23 heures ou plus si j'ai un problème sur une ligne. J'en pleure de rage lorsque je dois attendre à la gare. Je sais que peut être c'est de ma faute, que peut être je m'organise mal, c'est d'ailleurs ce que l'on me reproche. Mais une bonne organisation ne pourra jamais faire de moi un sur - être humain. Je ne pourrai jamais faire dix mille choses en plus et plutôt que de me voir imposer sans cesse de nouvelles contraintes, j'aimerai un réel changement influant sur mon bien être. Par exemple, qu'il soit normal de finir à 19 heures, même si on en fait moins. Dans ce cas, je rangerai peut être avec plus d'entrain. Alors, on me dit, si je fais mal, que je n'ai qu'à finir le lendemain. Je le fais parfois. C'est vrai. Mais le lendemain, tout repart sur les chapeaux de roue, et c'est pire. Il faut mieux finir la journée en bouclant une activité. Presque à tout prix, vais je dire.

Je n'étais pas comme cela avant. J'étais parfois distraite, mais moins que cela, me semble t il. Mais je perds mes capacités à voir les choses.

Je ne me plains pas, mais je ne peux pas faire mieux. Je considère presque que c'est un deal. J'accepte, mais qu'on ne me demande pas la lune. Je culpabilise parce que cela commence à faire partie de moi et qu'ainsi j'ai peur que travailler, au lieu de m'aider à progresser, m'enfonce.....

Je rumine, j'écris un article fielleux sur toutes les failles de mon travail, que je décide finalement de ne pas publier. Je pense que mon article, même s'il est très méchant, est quand même lucide. Il n'est pas dicté uniquement par la rancoeur, il est dicté par l'expérience et par un certain mal être. Je dois quand même admettre qu'il y a certaines qualités : la souplesse en premier lieu, sinon j'aurai pu ne pas être gardée. Je ne peux pas travailler avec des psy cho rigides. Et le droit à l'erreur parce que je suis toujours là malgré tout. Et que finalement, la structure me mérite peut être....

Tristesse....

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