Je rêve, je rêve...

De quitter mon travail, de perdre peut être en sécurité mais également de me retrouver face à un nouveau challenge, et de gagner aussi en sérénité car mon emploi n'est vraiment pas du genre à assurer la sérénité...

D'explorer d'autres facettes de ma profession, qui fascine et a gardé un certain prestige même si elle a beaucoup perdu en qualité de vie pour ses membres.... De connaître la liberté qui la caractérise : de pouvoir être dehors un jour de semaine, en milieu de journée, de travailler la nuit si j'en ai envie et de dormir la journée si je peux me le permettre, de n'avoir de compte à rendre à personne.... 

De découvrir les méandres du Palais, de connaître d'autres confrères, des juges, leur manière de penser.... de savoir plaider.... en clair, d'avoir l'occasion d'utiliser ma robe, ma carte professionnelle, de me sentir vraiment avocate. En ce moment, je ne vais jamais plaider, et lorsque j'y vais, je stresse.... 

De me coltiner à la clientèle personnelle.... de mener des rendez vous avec les clients, de gérer un dossier, d'en avoir les ennuis, car la clientèle de particuliers n'est pas facile à gérer, mais aussi les satisfactions professionnelles et personnelles lorsqu'ils sont reconnaissants, lorsqu'on a l'impression d'avoir pu faire quelque chose pour eux... et au moins de ne pas dépendre d'eux comme un cabinet peut dépendre d'une clientèle d'institutionnels....

Dans deux mois, cela va faire un an que je travaille au même endroit. J'y ai beaucoup appris : à gérer une clientèle de sociétés, à m'organiser face à une lourde charge de travail, à m'habituer à des personnalités pas toujours faciles à appréhender, selon les jours.....

Juridiquement, j'ai appris en procédure civile, en procédures collectives, en droit de la consommation et en voies d'exécution. J'ai gagné en autonomie aussi puisque j'ai vraiment pu gérer un dossier du début à la fin (je le croyais déjà l'année dernière, mais là, c'est devenu encore plus flagrant, et j'ai pu tout faire dans un dossier : l'analyse, la rédaction de l'assignation, la délivrance, le placement, la mise en état, les répliques, les audiences de procédure, de plaidoirie, et même m'occuper un peu des transactions ou de l'exécution.).

Sans m'en rendre compte, j'ai aussi progressé en rapidité, j'ai amélioré mes qualités rédactionnelles puisque j'ai beaucoup rédigé d'actes. J'ai appris à être plus réactive aussi, à gérer les urgences, les priorités : à trouver un correspondant rapidement dans une ville inconnue pour une audience du lendemain, à repérer ce qui est pressant de ce qui l'est moins....  

J'ai appris à être sous pression, j'ai fait des erreurs, des petites, des grandes, je me suis fait disputer, parfois sévèrement, j'ai appris à l'accepter, à me rebeller aussi parfois car tout n'était pas toujours justifié. J'ai appris à me remettre de mes erreurs, à avoir moins peur de faire et globalement, à avoir beaucoup plus confiance en moi. Du fait de travailler, je suis sortie du monde des bisounours. Et le fait d'avoir été gardée après une période d'essai prolongée puisque j'ai été auto entrepreneur puis collaboratrice m'a donné confiance. Je sais que j'ai des qualités, j'ai eu des bons moments, j'ai été valorisée parfois. Je connais mes défauts mais je sais aussi qu'ils ne sont pas un empêchement à travailler avec moi..... 

Et j'ai profité, je profite encore de cette période pour me poser, pour passer mon permis, pour prendre un appartement (bientôt), pour faire des économies, pour enrichir mon CV d'une expérience de deux ans... Enfin, j'en tire ce que j'ai à en tirer. 

Néanmoins, j'ai déjà envie de changement.....