Je suis une fille heureuse

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais mes billets sont souvent angoissés ou tristes. Je raconte davantage mes problèmes que ce qui va bien dans ma vie. Pourtant, quoi que j'en dise, je suis une fille heureuse.

J'ai un entourage formidable. Une mère compréhensive, douce, équilibrée et indépendante, qui a toujours été à mon écoute. Nos relations sont fusionnelles malgré le temps qui passe. Un petit ami génial, généreux, indépendant et équilibré, qui supporte mes angoisses et mes bavardages.
Tous les deux, ils gèrent leurs problèmes seuls et n'aiment pas trop se livrer. Moi, c'est tout le contraire : il faut que je parle, parle et parle encore de tous mes problèmes, que je les retourne dans ma tête, cela me fait du bien. Pour autant, je ne suis pas plus angoissée qu'une autre : souvent nerveuse mais je n'ai jamais eu de crises d'angoisse ou connu un stress qui soit impossible à gérer.
D'un côté, c'est bien réparti. Eux, ils écoutent, moi, je parle.... D'un autre côté, j'ai peur de les fatiguer un jour au point qu'ils pourraient sortir les griffes. Je fais des efforts pour ne pas oublier de penser à eux aussi.....
En dehors de ma mère et de mon petit ami, qui sont mes intimes, j'ai un oncle sympathique, qui vit depuis peu en couple et a eu un adorable bébé il y a sept mois.

Et  des amies chères, que je connais depuis le lycée, soit plus de dix ans maintenant : nous avons été très proches les 3-4 premières années après le lycée, puis maintenant, moins. Toutes ou presques ont quitté la région, je suis pratiquement la seule qui ne s'en soit pas trop éloignée. Nous sommes toutes occupées par le travail, les amours, la construction de la vie de famille puisque certaines en sont déjà à l'étape du mariage. Mais je ne m'inquiète pas, je sais que nous resterons amies toute notre vie, même si à certaines périodes, nous ne nous voyons plus pendant un moment. Ce qui compte, c'est la constance.
Et je rencontre des gens intéressants régulièrement aussi. Depuis que je travaille, j'ai connu plusieurs personnes très sympathiques : un Portugais chaleureux et extraverti, angoissé, un peu explosif mais pas du tout rancunier, une adorable, sensible et douée avocate trentenaire, mère de famille, qui m'a beaucoup conseillée et soutenue dans mon travail lorsque je suis arrivée au cabinet, et dont les avis et les conseils sont toujours plein de bon sens. Et aussi une Russe philosophe et exotique, un docteur en droit commercial à la forte personnalité.

Même mes failles dans mes relations avec les autres m'ont rendue plus forte : avec le temps, j'ai accepté le décès de mon père d'une longue maladie, puis la disparition de mon grand père et la fin de vie de ma grand mère dans une maison de retraite. J'ai aussi accepté, plus ou moins, que mes demi-frères ne souhaitent plus me parler, et d'avoir ainsi perdu le contact avec leurs enfants, qui étaient mes compagnons de jeux lorsque j'étais petite. Sur un plan peut être plus léger, j'ai tourné la page de mes désastreuses années collège, où j'étais le vilain petit canard, la fille mal habillée et douée en classe, dont tout le monde se moquait et qui n'avait pas d'amis. Cela peut paraître futil, mais sur le plan de la confiance en moi, j'ai mis des années à m'en remettre.

Sur le plan professionnel, finalement, malgré mes doutes et mes angoisses, j'ai toujours plus ou moins obtenu ce que je souhaitais dans la vie. J'ai mon diplôme d'avocate, deux MII en droit privé, mon baccalauréat littéraire mention Bien. J'ai réussi à me trouver des petits boulots en entreprise, des stages en étude notariale et en cabinet d'avocats, puis un stage qui a duré presque un an en cabinet d'avocat et qui m'a beaucoup appris, et enfin mon travail actuel qui dure depuis 15 Mois et qui, malgré les errances et les doutes, se passe plutôt bien, et en tout cas m'a rendue plus forte, et non pas plus faible. J'ai aussi appris à parler anglais, à me débrouiller à l'étranger, et acquis une culture littéraire et historique qui demeure convenable même si elle pourrait être meilleure.... Récemment, j'ai pris un appartement, l'emménagement s'est bien passé. Non, je ne peux pas me plaindre, je trouve ma place dans la vie.

Je sais aussi que je peux tenir un rythme de travail difficile : depuis que je travaille chez les avocats, je sors souvent du cabinet vers 21 heures, 19 heures quand j'étais stagiaire. J'ai toujours cru être paresseuse, mais au final, je suis une paresseuse qui a toujours beaucoup travaillé. Je ne suis pas la meilleure, des erreurs, j'en ai fait, mais j'ai toujours été constante, humble et de bonne volonté.  J'ai connu quelques expériences difficiles lors de mes entretiens d'embauche et chez un avocat qui m'a recrutée et virée par courriel un dimanche soir, sans préavis, au bout de deux semaines, mais je m'en suis remise et au final, toutes ces expériences m'ont rendue plus forte. J'accuse toujours le coup mais je sais rebondir.

Ce qui me ronge, c'est le manque de confiance en moi, parce que tous mes apprentissages se sont faits dans la douleur depuis dix ans. Avant, au lycée, j'étais protégée par mes facilités naturelles pour tout ce qui touchait à la littérature, aux langues, à l'histoire. Je n'étais pas bonne en mathématiques et en sciences mais cela m'importait peu car je savais que je n'en ferais pas ma vie et qu'un jour, je n'aurais plus à m'en préoccuper. Mais depuis mon entrée à la fac, c'est différent : je suis moins douée en droit que je ne l'étais en littérature.

En fait, j'aimerai bien maîtriser bien quelque chose, ou avoir un talent particulier, pour avoir davantage confiance en moi. Mais avec le temps, je m'améliore, je me dévalorise déjà beaucoup moins qu'il y a quelques années, et je commence à construire tous les éléments d'une vie adulte (enfin).... Alors, oui, je me plains beaucoup, mais au final, je suis une fille heureuse !

Comments

[Alys]

"J'ai toujours cru être paresseuse, mais au final, je suis une paresseuse qui a toujours beaucoup travaillé": c'est une bonne description! Et tu peux souligner le **beaucoup** vu ton rythme de travail au cabinet!! ^^