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Maelig
17 mars 2013

Ma nouvelle collègue

Ces derniers temps, j'ai une nouvelle collègue très intéressante, avec qui je m'entends bien et qui m'apprend beaucoup sur la culture générale et sur la vie. Si elle passe par ici, elle se reconnaîtra peut être, et j'espère qu'elle ne sera pas vexée par cet article, auquel cas je le supprimerai et lui adresserai toutes mes excuses car mon but n'est pas de chagriner mais plutôt de rendre hommage.

Elle est russe. Son père, militaire, l'a emmenée vivre dans des pays exotiques comme le Khirgistan ou l'Estonie. Elle a aussi habité plusieurs années à Moscou et St Petersbourg.

Elle a étudié l'économie et le marketing, et a entamé une thèse, elle a effectué des stages à l'ENA, en France, puis travaillé dans l'administration russe où elle a occupé des postes intéressants et rédigé des discours pour Medveiv et Poutine, entre autres.

Elle m'explique qu'en Russie, la journée de la femme est très prisée, que les filles peuvent partir plus tôt du travail ou de l'école et que les garçons leur offrent des fleurs, mais qu'il y a aussi une journée des garçons, le 23 février. Ou encore que là bas, Lénine est une figure importante, admirée de tous. On dit aux petits enfants "Tu peux avoir une bonne note en maths, puisque Vladimir Illitch était le meilleur de la classe".

Elle me dit que je ressemble à une femme de décabriste, ou bien à la deuxième femme de Pouchkine, que ma tête ne correspond pas tout à fait à mon siècle. Renseignements pris sur Wikipédia, les décabristes sont des nobles russes qui se sont rebellés en 1825 contre le régime tsariste et qui ont fini leurs jours en Sibérie avec leurs épouses (parmi elles, plusieurs françaises). Et Pouchkine est mort en se battant en duel contre un français, Edmond Dentès, qui courtisait sa seconde femme.

En France, elle a connu le déclassement social : les difficultés à valoriser ses diplômes et à trouver sa place. En désespoir de cause, elle a travaillé plusieurs années dans la restauration rapide où elle a pratiquement connu le harcèlement moral.

Elle a eu du mal à obtenir des papiers, à se pacser, elle a fait la queue chaque année à la préfecture pour obtenir un renouvellement de son visa. Aujourd'hui, elle a un visa de 10 ans et cela va mieux.

Elle a connu les joies de la maternité, le baby blues aussi puisqu'elle a fait une dépression à la naissance de sa fille. Dépression qui a nui à son couple, et aujourd'hui qu'elle va mieux, elle se bat pour le reconstruire.

Elle n'est pas du genre à avoir sa langue dans sa poche, et sait ne pas se laisser faire face à un collègue désagréable et un brin méprisant ou encore à une patronne manipulatrice. Mais en même temps, elle sait être diplomate et ne pas se les mettre à dos, car elle tient à son travail, à sa bonne humeur.

Elle reconnaît avoir besoin de ce travail, en être dépendante et avoir été recrutée justement en raison de cette dépendance (oui, je sais, cela paraît bizarre mais c'est comme cela chez nous), mais elle l'assume.

Elle dit avoir tourné la page de ses belles années professionnelles en Russie, d'assumer son changement de vie et de ne pas se sentir déclassée, du moins plus maintenant. Elle en a souffert, mais depuis la naissance de sa fille, elle a tourné la page car si elle était encore en Russie, elle n'aurait pas connu son compagnon, elle n'aurait peut être pas été mère.

Elle aime la philosophie, la psychologie, et elle porte un regard bienveillant sur l'autre, même sur celui qui l'énerve.

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Commentaires
A
Vive les Russes, je dis!!
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